Littérature française
Tierno Monénembo
Les Coqs cubains chantent à minuit
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Tierno Monénembo
Les Coqs cubains chantent à minuit
Seuil
08/01/2015
192 pages, 17 €
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Chronique de
Michel Edo
Librairie Lucioles (Vienne) -
❤ Lu et conseillé par
5 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Sarah Gastel de Adrienne (Lyon)
- Valérie Landry de Passages (Lyon)
- Brice Vauthier de L'Étagère (Saint-Malo (Paramé))
- Eve Bohu de Chimère (Chatillon)
✒ Michel Edo
(Librairie Lucioles, Vienne)
Ignacio est l’un de ces escrocs au sourire enjôleur qui rackettent ces touristes malpolis qui ne sont que des devises à cueillir, contre la poudre aux yeux du folklore cubain. Un jour, il tombe sur Tierno, un Guinéen venu à La Havane élucider le secret de ses origines.
Tierno est né à La Havane, dit-il. Et c’est vrai. Il danse comme un Cubain, boit comme un Cubain : « Cuba et l’Afrique ont beaucoup de choses en commun : même climat, même bouffe, même manière de danser et de baiser ». Après une première nuit à goûter aux plaisirs et aux excès de la capitale, il s’installe dans un meublé, sort chaque nuit, séduit les muchachas par son charisme silencieux, visite chaque jour la même tombe, puis commence à fourrer son nez dans de vieilles histoires liées à Fidel Castro et à une hypothétique lettre autographe laissée à son grand-père. Mais à La Havane, tout se sait et, très vite, El Tosco, un barbouze du régime, veut mettre un frein à ses recherches. Et puis Tierno rencontre le poète, un clochard philosophe, un poète des rues, un Diogène qui se contente chaque jour d’un litre de vin, d’un peu de marijuana et de beaucoup de vers d’Omar Khayyam. Ce sage, trop fou pour finir en prison, disserte chaque jour sur la poésie, la beauté et le bonheur de lire : « les livres mon cher sont encore plus excitants que la drogue [...] eh bien, parce que tu n’es jamais seul à la savourer cette marijuana-là, l’auteur est là avec toi pour échanger les taffes. Et je t’assure que le plaisir redouble encore quand cet auteur est déjà mort. » Entre les deux hommes naît une amitié de sages dont Ignacio n’est que le naïf témoin. Au final, pourtant, c’est lui, Ignacio, le fureteur, le fourbe, le petit malin, qui rassemblera les pièces du puzzle, une vieille histoire sordide qui effraie deux vieux magouilleurs – dont ils ne retireront que de maigres bénéfices. Mais Les Coqs cubains chantent à minuit n’est ni un roman noir ni un roman policier, plutôt un voyage savoureux à l’intérieur de la réalité cubaine. Un hommage aux origines africaines de l’île.