Littérature française
Emmanuelle Pireyre
Féerie générale
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Emmanuelle Pireyre
Féerie générale
L'Olivier
23/08/2012
247 pages, 19 €
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Chronique de
Michel Edo
Librairie Lucioles (Vienne) - ❤ Lu et conseillé par 10 libraire(s)
✒ Michel Edo
(Librairie Lucioles, Vienne)
PRIX MÉDICIS
Emmanuelle Pireyre est auteure de théâtre, de fictions radiodiffusées, et de deux fictions non conventionnelles que l’on peut rapprocher de la poésie. Elle est surtout un esprit libre, moqueur, une philosophe.
Et c’est en philosophe et en poète qu’elle pose dans Féerie générale des questions aussi saugrenues que fondamentales... Que faire des casernes abandonnées pour cause de désertion du bellicisme européen ? Pourquoi les villes occidentales changent-elles si lentement ? Comment se regarder dans la glace quand on professe une philosophie décroissante et que l’on aime par-dessus tout le tourisme ? Ces interrogations piochées ça et là dans le discours ambiant, il s’agit d’y répondre et de la manière la plus claire et la plus détaillée possible. Car on acquiesce bêtement, il faut le confesser, à tout ce que les médias et les penseurs appointés nous assènent comme vérité nouvelle. On ne prend pas souvent le temps de réfléchir deux secondes aux idées prédigérées qui flottent dans l’air. On pratique le progressisme mou comme d’autres la réaction. On s’accroche à la pensée du jour comme des bernard-l’hermite à leur coquille. À la manière de Cortázar – ou de Lydie Salvayre –, Emmanuelle Pireyre développe des thèmes de société, met le doigt sur les errements de la morale ou de la culture et y répond par l’absurde, c’est-à-dire en développant jusqu’à l’absurde leur logique. Le résultat de ce travail donne une série de textes brillants et drôles, qui moquent les petits mondes clos de l’entre soi, religion, politique, art contemporain, finance... qui manquent – mais qui sommes-nous pour les blâmer ? – de recul pour juger des logiques qui les animent. Pireyre joue ici le rôle du fou. Elle pose les bonnes questions, celles qui grattent. Ainsi, nous pourrons enfin savoir si le tourisme de masse est un danger pour nos filles faciles, si une petite fille qui préfère la peinture animalière aux arcanes de la statistique financière a des chances d’être heureuse dans la vie, autant d’interrogations primordiales qui, par ailleurs, ne nous auraient même pas effleuré l’esprit. Féerie générale forme comme un vitrail dont chaque détail est porteur de sens et dont l’ensemble apporte l’illumination : soyons critique, mais n’oublions pas d’en rire !