Littérature étrangère
Conor O'Callaghan
Personne ne nous verra
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Conor O'Callaghan
Personne ne nous verra
Traduit de l'anglais (Irlande) par Mona de Pracontal
Sabine Wespieser éditeur
03/03/2022
287 pages, 22 €
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Chronique de
Alexandra Villon
Librairie La Madeleine (Lyon) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Marie Hirigoyen de Hirigoyen (Bayonne)
- Nicole Legrand de Graffiti (Castres)
- Valérie Barbe de Au brouillon de culture (Caen)
- Christèle Hamelin de Le Carnet à spirales (Charlieu)
- Alexandra Villon de La Madeleine (Lyon)
- Sophie Lainé de CCGPF - Service du livre et des bibliothèques - service BCPC (Paris)
- Martin Knosp de Espace culturel (Saint-Grégoire)
- Gwennaig Loy de La Maison des feuilles (Draveil)
✒ Alexandra Villon
(Librairie La Madeleine, Lyon)
Dans ce deuxième roman paru en France aux éditions Sabine Wespieser, Conor O’Callaghan retrace avec finesse le troublant voyage à bord d’un camion poids lourd d’un homme et de sa fille, passagère clandestine.
Paddy vient de descendre du ferry, à bord de son camion, pour arriver à Calais. Son périple, à bord de ce poids lourd, se fera jusqu’au sud de la France. Une semaine de voyage – avec les arrêts obligatoires et nécessaires – qui sera l’occasion pour lui de convoquer les fantômes du passé et les petits dérèglements de sa vie : son enfance et sa jeunesse dans la maison familiale en Irlande, la rivalité avec son frère, la solitude, les séparations et sa relation avec sa fille Kitty. Le rideau remue derrière Paddy, dans l’habitacle du camion, laissant apparaître un crâne rasé, un petit bout de femme à la peau sur les os, rebelle d’une vingtaine d’années, revêche et déchirante, embarquée clandestinement à bord du camion avec son père et avec qui va s’engager un curieux dialogue, au sein d’un huis clos en mouvement qui voit défiler paysages et souvenirs. Kitty et Paddy échangent à mots tronqués, à travers des phrases qu’ils ne terminent pas, des silences qui masquent des secrets, en particulier cette « chose » de Kitty survenue quelques mois auparavant et le cœur brisé de Paddy par une rupture amoureuse. Mais quelque chose ne va pas. Trop de zones d’ombres. Conor O’Callaghan compose un roman à l’ambiance singulière et au mystère obsédant, faisant se croiser les époques et les récits qui permettent peu à peu au lecteur attentif de rassembler les pièces d’un puzzle dont l’acte final n’a de cesse de se jouer dans la réalité de Paddy, hanté par ces vers de Rimbaud tirés d’Une saison en enfer : « La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde ». L’écriture syncopée de Conor O‘Callaghan joue, sans compromis, le rôle d’un indice incessant, d’un trouble que le lecteur finira par s’expliquer, après avoir été longtemps perdu. Un roman déstabilisant, énigmatique et bouleversant.