Bande dessinée

Bezian

Karoo

Chronique de Alexandra Villon

Librairie La Madeleine (Lyon)

S’attaquer à l’adaptation d’un roman devenu culte est toujours un peu risqué. L’œuvre originale, par sa qualité, se suffit déjà bien souvent à elle-même, reléguant l’œuvre mineure qui la suit à du mime rébarbatif. Bézian prend la tangente et virevolte autour du roman pour en proposer une version bien à lui, mais fidèle au personnage emblématique de Saul Karoo, héros brillant de cynisme et de crapulerie. Le trait est nerveux, fait de hachures sèches et mouvantes, donnant aux visages émaciés des airs de caricatures desséchées. On se trouve face à une œuvre électrisante et vertigineuse, servie par des découpages et un traitement de la couleur ingénieux, une narration tortueuse qui joue avec les mises en abyme, les références littéraires et cinématographiques, et les effets de miroir. Cette adaptation est une réussite car son traitement n’illustre ni ne retranscrit, il raconte le Karoo de Bézian.

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