Littérature étrangère

Naomi Krupitsky

La Famille

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Chronique de Juliet Romeo

Librairie La Madeleine (Lyon)

Naomi Krupitsky nous offre un premier roman délicat où l’amitié tient une place particulière dans les cœurs et les vies de deux héroïnes prises dans les affres de la mafia italienne new-yorkaise.

Elles s’appellent Sofia et Antonia, elles sont voisines, elles sont amies, elles se connaissent depuis toujours. Et toujours est une éternité quand on a 7 ans. Elles passent toute leur vie ensemble parce que leurs mères sont amies, mais surtout parce que leurs pères travaillent pour la Famille, la mafia italienne new-yorkaise. Mais quand Carlo, le père d’Antonia, disparaît alors qu’ils sont tous ensemble en vacances, le monde s’écroule. Et le lien qui liait les deux familles se délite, la Famille étant à la fois la cause et le remède au deuil d’Antonia et de sa mère. Une amitié d’enfance peut-elle survivre à ce drame d’adultes alors que la Seconde Guerre mondiale va bientôt être déclenchée ? Dans un univers qui ne peut que nous faire penser aux films Le Parrain ou encore Les Affranchis, on imagine parfois mal ce que deviennent les filles et les femmes de ces familles mafieuses. Naomi Krupitsky s’emploie à faire vivre ces voix féminines dans un monde d’hommes en décrivant merveilleusement les interactions, les non-dits, les ressentis de ces deux héroïnes. Mais elle met également en avant, comme peu le font, les corps dans ce qu’ils ont de plus personnel mais également de plus commun. Avec un langage très charnel, l’autrice amène le lecteur à voir, sentir, entendre les muscles se déplier, les pieds se poser sur les planchers, les mains se toucher dans les lits, les bouches mâcher. Et elle fait ainsi vivre Sofia et Antonia sur vingt années et autant de bonheurs, de coups, de rencontres, de silences, de distances, de partages. Leur amitié est de celles qui peuvent traverser toutes les tempêtes et toutes les distances. De celles où les mots peuvent être accessoires. De celles où les regards et les gestes remplacent les discours. De celles que les lecteurs ne pourront oublier.

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