Littérature française

Diane Ducret

La Dictatrice

✒ Juliet Romeo

(Librairie La Madeleine, Lyon)

Après avoir exploré les destins des femmes de dictateurs, entre autres, Diane Ducret a créé sa propre dictatrice et a mis en lumière la part d’obscurité de chacun dans un récit effrayant mais réaliste.

 

Lors d’une conférence des pays membres de l’Union européenne, les dirigeants décident la dissolution de cette dernière. Aurore Henri fait partie des manifestants qui souhaitent le maintien de l’UE. De colère, elle jette une pierre à la tête d’un ministre et est condamnée à la prison. Pendant son enfermement, l’Europe plonge dans l’obscurité : famine, guerre, effondrement économique, chômage. Elle devient alors l’espoir de tout un continent. À sa sortie, un groupe de puissants lui offre de quoi faire campagne et devenir représentante de la France afin de rétablir les liens entre les États membres. Mais la frontière entre ses idéaux égalitaires et démocratiques et un système dictatorial est mince. Elle va se révéler une dictatrice de grande envergure. Si le parcours d’Aurore Henri fait penser à celui d’Hitler, son programme électoral fait penser à celui de Mussolini. C’est dire si ce récit n’a rien de fantasque. Il est particulièrement effrayant de lire la chute de l’Union européenne dont nous avons vu les prémisses avec le Brexit. La construction de ce roman est particulièrement évocatrice : si, à chaque nouvelle idée ou mesure d’Aurore Henri, on pourrait avoir envie d’approuver, la dérive fascisante qu’elle emploie nous en montre à chaque fois l’effet pervers. Diane Ducret déploie à chaque chapitre tout son savoir pour défaire la démocratie et instaurer la dictature. La justesse de son écriture fait de ce roman un véritable page-turner haletant : on se demande comment pourra bien finir cette descente aux enfers. Entre toutes ces lignes politiques, il y a aussi les blessures d’une femme, adoptée, à la recherche constante de ses origines. Ses peurs, ses envies, ses espoirs en font un personnage complet et attachant malgré la folie qui la guette et l’étreint jusqu’à la dernière ligne.

 

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