Littérature étrangère

Ashley Audrain

Des murmures

illustration

Chronique de Marie Michaud

Librairie Gibert Joseph (Poitiers)

Dans un cadre à la Desperate Housewives, Ashley Audrain joue avec les codes du thriller domestique pour questionner les multiples rôles assignés aux femmes aujourd’hui. Avec, en jeu, la vie d’un enfant.

Dans une rue chic et chère, se côtoient et se font face plusieurs maisons et les familles qui y habitent. Il y a d’abord les plus anciens, habitants originels du quartier, Mara et Albert. Mara observe souvent la vie de ses voisins depuis son porche. Il y a ensuite trois couples d’amis d’âge moyen : Whitney et Jacob avec leurs trois enfants, Blair et Aiden avec leur fille et Rebecca et Ben. Si Whitney est une femme aussi belle que triomphante sur le plan professionnel, son amie Blair a fait le choix de se dévouer entièrement à sa fille. Quant à la pondérée Rebecca, elle souffre terriblement de ne pas parvenir à devenir mère. Dans cet univers apparemment sans histoires, elles sont au contraire nombreuses, silencieuses voire secrètes, et les amitiés sont teintées de rivalités et de jalousies. S’ajoutent à cela les jeux de séduction, plus ou moins innocents, et les soupçons d’adultère, plus ou moins fondés. Mais toute l’intrigue du roman tient sur le fil tendu d’un enfant qui s’accroche à la vie. En effet, le petit Xavier, 10 ans, est tombé de la fenêtre de sa chambre au troisième étage au milieu de la nuit. Un accident ? Peut-être, peut-être pas ! Telle est la question terrible que tout le monde se pose. Ashley Audrain distille avec beaucoup de talent et de subtilité une ambiance de plus en plus dérangeante dans ce tableau où les belles apparences ne sont que cela. Un roman qui tourne autour des ambitions des femmes mais aussi de la pression sociale qu’elles subissent pour, tout à la fois, réussir professionnellement, être des super mamans et des bombes sexuelles. En deux romans, après le remarqué Entre toutes les mères (JC Lattès et Le Livre de Poche), la Canadienne Ashley Audrain réussit parfaitement à rappeler que la vraie vie des femmes tient dans un équilibre fragile et complexe qu’un rien suffit à faire basculer.

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