Littérature française
Jean-Philippe Toussaint
Made in China
-
Jean-Philippe Toussaint
Made in China
Minuit
14/09/2017
187 pages, 15 €
-
Chronique de
Marie Michaud
Librairie Gibert Joseph (Poitiers) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Marie Michaud de Gibert Joseph (Poitiers)
- Nicole Legrand de Graffiti (Castres)
- Léonie Desbois de Le Bel Aujourd'hui (Tréguier)
- Valérie Schopp de L'Arbre à mots (Rochefort)
✒ Marie Michaud
(Librairie Gibert Joseph, Poitiers)
Quatre ans après la parution du dernier volume du « Cycle de Marie », Nue, Jean-Philippe Toussaint choisit de nous plonger au cœur du processus créatif – cinématographique autant que littéraire – avec Made in China.
Pas besoin de visa pour voyager en Chine avec Jean-Philippe Toussaint. Dès les premières pages, vous êtes au cœur de ce « monde en train de se transformer ». Odeurs, bruits et même comité d’accueil en la personne de Chen Tong, l’éditeur chinois de l’auteur, à la fois libraire, artiste et professeur et, pour l’occasion, producteur du film The Honey Dress, adapté du prologue de Nue et mettant en scène une jeune mannequin « vêtue » d’une robe en miel. Car, après Chen Tong, c’est l’autre sujet de Made in China : le journal du tournage de ce film avec toutes ses péripéties, ses atermoiements et ses surprises. Mais, au hasard des événements et des réflexions qu’ils suscitent, ce livre – qui n’est ni vraiment un roman, ni vraiment un récit – revêt les atours de l’essai. Et d’évoquer alors le véritable sujet du livre : « la disponibilité au hasard que requiert toute création artistique », autrement dit la capacité du créateur à « attraper le “qui” qui passe ». Outre les interactions entre passé et présent et entre réalité et fiction, l’auteur évoque « les noces vénéneuses entre [son] livre et le présent du monde », c’est-à-dire l’apparition incessante d’éléments de nature aléatoire, susceptibles d’intervenir d’une manière tout aussi aléatoire dans l’écriture. Dans Made in China, l’« évocation de ces journées […] si pauvres d’un point de vue romanesque » – quoique – rappelle que le projet littéraire de Jean-Philippe Toussaint est toujours centré sur l’infinitésimal et que « moins les sujets sont intéressants, plus les textes demandent de travail (car, en l’absence de sujet, seule l’écriture les soutient) ». Il démontre une nouvelle fois que l’autobiographie est un « leurre », que le véritable dévoilement de soi se fait dans l’écriture, le style, le travail de la langue et les choix devant les propositions du hasard.