Littérature étrangère

Claire Fuller

L'Été des oranges amères

✒ Marie Hirigoyen

(Librairie Hirigoyen, Bayonne)

Un manoir anglais plein de mystères, un trio surprenant aux prises avec les secrets du passé, une végétation envahissante et presque inquiétante... Le tout baigne dans une lumière aquatique et une atmosphère tremblée. Délices et frissons en vue !

 

Il y a souvent chez les romancières anglaises un je ne sais quoi de dérangeant et de familier à la fois qui vous attache immédiatement. Claire Fuller est de celles-là. On se souvient de son Mariage anglais (Stock et Le Livre de Poche) d’une tension tirée au cordeau et d’un suspense magistral. Pendant cet Été des oranges amères, elle nous emmène de nouveau à la rencontre d’êtres fantasques dont les trajectoires incertaines caracolent sur une ligne de crête dangereuse. Elle s’amuse avec la figure de Frances Jellico, archétype de la vieille fille vêtue forcément d’une jupe de tweed, toujours en quête d’une tasse de thé. C’est l’été 1969, sa mère vient de mourir, la liberté lui tend les bras. Architecte des jardins, elle est missionnée par un riche américain pour établir l’état des lieux d’un domaine qu’il veut acquérir. Lyntons se révèle immense et délabré au cœur d’un parc luxuriant débordé par les broussailles qui ont englouti statues, pont, lac, orangerie, écuries... Le ravissement se double d’une surprise : la maison est habitée par un jeune couple attirant, singulier et surtout terriblement vivant. Peter, l’architecte en charge de la restauration, et Cara, sa volcanique compagne, une Irlandaise fougueuse qui se prend pour une Italienne. Commence alors une curieuse cohabitation. Frances découvre la vie de bohême, pillage de la cave, danse déchaînée dans la cuisine, baignade nus dans les eaux noires du lac et, bien sûr, irruption d’une sensualité incontrôlable. Tandis que d’anciennes blessures se révèlent, les passions s’exacerbent jusqu’à... Sans parler des apparitions nocturnes et des bruits inexpliqués, car les esprits des anciens propriétaires se manifestent toujours à qui accepte leur présence.

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