Littérature française
Léonora Miano
Crépuscule du tourment
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Léonora Miano
Crépuscule du tourment
Grasset
17/08/2016
288 pages, 19 €
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Chronique de
Marie Hirigoyen
Librairie Hirigoyen (Bayonne) -
❤ Lu et conseillé par
8 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Marie Boisgontier
- Christelle Chandanson de Elkar (Bayonne)
- Marie Hirigoyen de Hirigoyen (Bayonne)
- Philippe Soussan de Les Vraies Richesses (Juvisy-sur-Orge)
- Sarah Gastel de Adrienne (Lyon)
- Christophe Aimé de M'Lire Anjou (Château-Gontier)
- Eve Bohu de Chimère (Chatillon)
✒ Marie Hirigoyen
(Librairie Hirigoyen, Bayonne)
Dans une langue envoûtante, à la fois ciselée et proche de l’oralité, aux accents mystiques et pourtant diablement moderne, Léonora Miano nous fait entendre la parole libre et puissante de quatre femmes africaines.
De l’individu à la cosmologie, de l’intime au mythologique, des liens familiaux aux grands troubles de l’Histoire africaine, ou, tout simplement, de la femme à l’homme, Léonora Miano construit peu à peu une œuvre singulière en mettant au jour les paradoxes douloureux et les non-dits d’une société en mutation. « L’air est aussi pesant que les anciens fardeaux, ces blessures souterraines dont on ne guérit pas. » Ce nouveau roman secoue notre vision eurocentrée de l’Afrique. La figure principale est un homme absent. Tour à tour, quatre femmes lui parlent. Sa mère (« Madame »), une compagne mal aimée, Amandla, une autre mal comprise, Ixora, et sa sœur Tiki. Chacune va livrer ses regrets, ses secrets, ses frustrations, mais aussi sa difficulté à trouver sa place dans une société subsaharienne dont la mémoire collective reste marquée au fer rouge par la traite transatlantique et le colonialisme. Amandla, partagée entre les deux cultures, entre « Babylone et la Terre Première », évoque son adhésion au mouvement kémite, qui s’appuie sur la philosophie et la cosmogonie de l’Égypte ancienne, afin de rendre à l’Afrique la grandeur de ses origines. Ixora, quant à elle, livre la découverte émerveillée de la sensualité grâce à une rencontre inattendue. Elle défend la cause des femmes : « Sous ces latitudes où le ciel n’est ni un abri ni un recours, être femme, c’est mettre à mort son cœur ». Au carrefour de plusieurs traditions, chacune peine à trouver son identité. Léonora Miano dévoile le processus complexe et mouvant qu’elles mettent en œuvre pour y parvenir. Elle leur prête ainsi son souffle et sa voix chaude, empathique, légèrement voilée. Une voix douce et insistante qui s’approche à la fois de l’étrange et de l’universel, du contemporain et de l’intemporel.