Littérature étrangère

Tom Bullough

Le Miroir de Lorrain

illustration
photo libraire

Chronique de Charlène Busalli

()

Après Mécaniques du ciel (Calmann-Lévy, 2012), dont l’intrigue se situait en Russie, le deuxième roman de Tom Bullough, qui vient de paraître en français, nous plonge au cœur des collines du pays de Galles, où l’auteur a lui-même grandi.

Andrew et Robin ont tous deux 7 ans et habitent des fermes situées près de la levée d’Offa, long mur de terre qui constitue la frontière naturelle entre le Pays de Galles et l’Angleterre. Mais ce sont bien les deux seules choses qu’ils semblent avoir en commun, tant leurs milieux d’origine sont différents. Andrew vit dans un environnement d’une saleté révoltante, laissé à lui-même par un père paysan particulièrement rustre et une mère mutique qui ne quitte jamais ses fourneaux. Robin, lui, est élevé par un père qui a choisi de devenir fermier, car cela représentait pour lui un idéal, et une mère qui écrit de la poésie et a voyagé jusqu’en Inde avec sa meilleure amie. Alors que le premier a pour seuls amis ses chiens, le second passe son temps libre avec son petit frère à imaginer des jeux inspirés des histoires de chevaliers des légendes galloises, que M. Gwynne, l’instituteur du village, lui a racontées. Percevant la solitude d’Andrew, c’est la mère de Robin, Tara, qui pousse son fils à se rapprocher du garçon de leurs proches voisins. Une amitié inattendue se forge alors entre les deux enfants, prenant forme à travers un étrange petit objet qu’Andrew partage avec Robin. Ce mystérieux objet, que le garçon a trouvé en furetant parmi les pièces inutilisées de sa grande maison délabrée, c’est un miroir de Lorrain… Avec ce deuxième roman, Tom Bullough nous offre de magnifiques descriptions de la campagne galloise au cœur de laquelle il a grandi, sans pour autant idéaliser la vie rurale. L’histoire d’Andrew et Robin montre bien au contraire les embûches que crée la vie à la campagne, tout autant que ses bienfaits. C’est aussi un très beau roman sur le pouvoir de l’imagination, ce refuge face aux obstacles que la réalité inflige aux enfants comme aux adultes.

Les autres chroniques du libraire