Littérature étrangère

Robin MacArthur

Le Cœur sauvage

CB

✒ Charlène Busalli

( , )

Dans ce premier recueil de nouvelles d’une beauté inouïe, Robin MacArthur offre une série de portraits éblouissants d’hommes et de femmes qui naissent, vivent et meurent aux abords des grandes forêts du Vermont.

« Ce qu’on apprend en travaillant toute sa vie au milieu des arbres et des animaux, c’est qu’il faut que quelque chose meure pour qu’autre chose pousse à la place. » Ce constat exprimé par l’un des personnages de ce magnifique recueil ne s’applique pas qu’à la vie même, mais aussi au désir, à l’ambition, aux envies et aux mille et un espoirs des habitants de ce coin reculé du Vermont, où les eaux de la Silver Creek scintillent parmi les arbres. Certains vivent dans des cabanes au cœur des bois, d’autres dans des mobil-homes au fond des prés. D’autres encore occupent d’anciennes fermes en déliquescence, qui ne connaissent plus depuis longtemps l’activité bruissante des animaux d’élevage et du travail quotidien dans les champs. Plusieurs n’ont jamais quitté cet endroit depuis qu’ils y sont nés, tandis que d’autres y reviennent après s’être absentés de longues années. Il y a même ceux qui s’y sont installés après avoir quitté leur banlieue proprette, avides de tranquillité. Tous éprouvent un attachement viscéral à ces lieux dans lesquels ils ont vécu leurs plus beaux instants de bonheur comme leurs déceptions les plus amères. Il y a la femme qui s’est détournée des siens par le mariage qu’elle a choisi, l’homme qui met un terme à sa solitude en trahissant son meilleur ami, la mère qui attend le retour de son fils parti en Afghanistan, la grand-mère qui découvre avec effroi la haine tapie au fond de son unique petit-fils, la fille qui vient retrouver sa mère atteinte d’un cancer. Leur désir de fuite, leurs regrets, leur douleur, leur amour, leur ennui, leur profonde mélancolie… Robin MacArthur a trouvé des mots si justes pour décrire ce qui se cache dans le cœur des hommes que le lecteur en ressort profondément ému, chamboulé par autant de compassion et de pure beauté.

Les autres chroniques du libraire