Littérature étrangère

Desmond Hogan

Le Garçon aux icônes

CB

✒ Charlène Busalli

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Les éditions Grasset publient en français l’œuvre d’un écrivain irlandais énigmatique dont le premier roman, paru il y a près de quarante ans, est d’une beauté à couper le souffle. Une découverte majeure à ne pas manquer !

La magnifique préface que l’éditeur et traducteur Pierre Demarty consacre à ce roman a de quoi intriguer. On y découvre un auteur qui, dès la parution de son premier roman en 1976, fut salué par ses pairs comme un écrivain majeur. Mais Desmond Hogan fuit les feux de la rampe et choisit de rester dans l’ombre. Heureusement, quelques lecteurs s’évertuent à mettre en lumière son œuvre : c’est le cas de Pierre Demarty, à qui nous devons la parution du Garçon aux icônes en français. Mais qui est donc ce mystérieux « garçon aux icônes » ? C’est la question que se pose sa mère, Susan O’Hallrahan, qui lui a donné ce surnom en référence aux petites figurines qu’il confectionne. Car Diarmaid a toujours été un enfant silencieux et, bien qu’elle l’ait élevé seule, Susan a l’impression de bien peu le connaître. Elle ne peut qu’imaginer ce qu’il ressent, un chagrin incommensurable causé par la mort de son ami d’enfance, un sentiment d’étouffement dans cette Irlande qui le pousse à partir en Angleterre dès ses 18 ans, une solitude l’incitant à enchaîner les liaisons. Mais depuis qu’il est parti à Londres, Diarmaid ne donne presque aucune nouvelle. Susan décide donc de quitter sa petite ville de Ballinasloe, du comté de Galway, et la voilà partie à la recherche de son fils, dans tous les sens du terme. Le Garçon aux icônes raconte de manière bouleversante l’amour d’une mère pour son fils, mais pas seulement. Car c’est aussi tout un pays que ce livre évoque : l’Irlande et sa beauté, l’Irlande et ses chansons, l’Irlande et ses démons. Nous sommes en 1972 et les troubles font rage en Irlande du Nord. Ce sont donc les âmes tourmentées d’un pays tourmenté que Desmond Hogan dépeint dans son roman, dont la poésie lumineuse rachète à chaque mot la faiblesse des hommes.

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