Littérature étrangère
Eduardo Fernando Varela
Roca pelada
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Eduardo Fernando Varela
Roca pelada
Traduit de l’espagnol (Argentine) par François Gaudry
Métailié
13/01/2023
352 pages, 22,50 €
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Chronique de
Victoire Vidal-Vivier
- ❤ Lu et conseillé par 18 libraire(s)
✒ Victoire Vidal-Vivier
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Deuxième roman d’Eduardo Fernando Varela, Roca pelada prend pour décor la cordillère des Andes, autour d’une foule de curieux personnages. Un roman lunaire et drôle. Une valeur sûre de cette rentrée d’hiver.
Le lieutenant Costa est en poste depuis un certain temps à la frontière qui sépare son pays du voisin sur l’Altiplano de la cordillère des Andes. Les jours se suivent et se ressemblent dans cette guerre de position qui s’éternise. Son quotidien est occupé par les tentatives laborieuses de contacts radiophoniques, la gestion d’une garnison peu coopérative et les échanges avec le commandant Gaitan du poste frontière ennemi. Seules des apparitions étranges observées à la jumelle viennent bousculer ses journées et le taraude sans qu’il ne puisse en trouver l’origine. Persuadé qu’il s’agit là d’un énième camouflage d’une tentative ennemie de vol de météorite ou de déplacement d’une balise de limite de territoire, il décide de mener l’enquête. Lorsque le commandant Gaitan lui annonce sa mutation, Costa est profondément triste de voir s’en aller celui qu’il aurait pu, dans d’autres circonstances, considérer comme un ami, mais sa surprise est encore plus grande lorsqu’il est remplacé par une commandante. Belle et énigmatique, elle est à l’origine d’une légère obsession qui grandit parmi les hommes de l’Altiplano et chez Costa. Son arrivée coïncidant également avec une augmentation des phénomènes étranges qu’il a découverts, le lieutenant renforce son observation et se retrouve pris dans une mystérieuse expédition en territoire miné – à proprement parler – avec une commandante qui l’inquiète et l’attire à la fois. Le texte, que l’on pourrait apparenter au Désert des Tartares de Buzzati ou plus récemment au Colonel ne dort pas d’Émilienne Malfatto, est intelligemment construit. Mêlant des dialogues absurdes et drôles à une ambiance moite et floue à la limite de l’hallucination, c’est un univers à part entière dans lequel le lecteur est totalement absorbé, captivé par les aventures de Costa.