Littérature étrangère

Hallgrímur Helgason

Le Grand ménage du tueur à gages

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photo libraire

Chronique de Marc Rauscher

Librairie Majuscule-Birmann (Thonon-les-Bains)

Avec son précédent roman, La Femme à 1000° (Presses de la Cité), Hallgrimur Helgason avait déjà démontré qu’il maniait la dérision à la perfection. Pour cette rentrée, il récidive en propulsant un assassin en quête de salut dans son Islande natale.

Croate d’origine, Tomislav Boxic est surnommé Toxic par ses amis et ses partenaires. Ses adversaires, eux, n’ont pas le temps de lui trouver un surnom. Car Toxic est un tueur redoutable qui a commencé sa carrière en tant que soldat, avant de rejoindre la mafia croate installée aux États-Unis. Avec lui, jamais de balles perdues. Chacun de ses « clients » a été abattu d’un seul coup, lui assurant un palmarès exceptionnel de soixante-cinq victimes. Pourtant, le numéro soixante-six pourrait bien mettre fin à la carrière du spadassin. En effet, le meurtre d’un agent fédéral provoque la colère de toutes les forces de police du continent et oblige Toxic à fuir de toute urgence. C’est à l’aéroport qu’il fait la connaissance du pasteur Friendly, à qui il dérobe son billet d’avion pour l’Islande après l’avoir occis. Il sera accueilli à bras ouverts par un couple de télévangélistes aux noms imprononçables, qui l’encouragent à prêcher la parole divine sur la chaîne câblée qu’ils dirigent. Pour l’ancien tueur, l’Islande, avec son taux de criminalité proche de zéro et ses printemps réfrigérants, ressemble à la version arctique de La Petite Maison dans la prairie. Mais il pourrait bien s’y faire, d’autant qu’il tombe sous le charme de Gunfinna, la fille de ses hôtes. Lorsque la supercherie est découverte, ces derniers mettent d’ailleurs tout en œuvre pour tenter de le remettre dans le droit chemin, quitte à employer des traitements de choc. Mais la désintoxication à la violence s’avère rude pour un homme qui y est si habitué… surtout quand ses ex-employeurs décident de l’éliminer au prétexte qu’on ne quitte pas la mafia croate vivant. Entre deux éclats de rire, l’auteur promène un regard critique et amusé sur la société islandaise et propose une réflexion sur le pardon et la rédemption.

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