Polar

Jussi Adler-Olsen

Profanation

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Chronique de Katia Leduc

Librairie L'Embarcadère (Saint-Nazaire)

Jussi Adler-Olsen fut la révélation polar de la fin d’année 2011 avec Miséricorde, premier volume des enquêtes de l’inspecteur Carl Morck et de son assistant Hafez El-Assad. Son deuxième roman explore une bourgeoisie en perdition.

Alors que Morck doit préparer la venue d’une délégation norvégienne afin de présenter le département V (chargé des affaires non résolues) et ses techniques d’investigations, il voit arriver de façon inexplicable un vieux dossier sur son bureau. Il s’agit du meurtre atroce, en 1987, de deux adolescents, frère et sœur, dans leur maison de vacances. L’enquête bâclée semblait mettre en évidence la culpabilité d’un groupe de lycéens violents, cinq garçons et une fille, tous rejetons de la riche bourgeoisie danoise. Face à la faiblesse des éléments à charge, l’enquête est classée. Or, neuf ans plus tard, un des membres de la bande s’accuse des assassinats et se constitue prisonnier. Une rapide recherche indique que les hommes ont suivi des carrières brillantes, tutoyant les plus importantes responsabilités du pays, alors que la jeune fille, alias Kimmie, est devenue une semi-clocharde au comportement agressif. Intrigué par ces faits et par le comportement peu coopératif de sa hiérarchie, Morck rouvre l’enquête et se lance à corps perdu dans une affaire qui touche les plus hautes sphères du Danemark. Le duo improbable que forme Morck et Assad, son assistant à tout faire, fait mouche, tant par le cynisme de l’inspecteur que par la fraîcheur et les maladresses du Syrien ! D’autant que le département V est affublé d’un troisième trublion, et non des moindres : Rose, investigatrice forte en gueule, ce qui donne lieu à des joutes verbales de haute volée ! L’intrigue, somme toute classique, vaut beaucoup pour l’attention portée à la psychologie des personnages, notamment Kimmie, femme bafouée dont la terrible dégringolade sociale cache une soif de vengeance machiavélique. Jussi Adler-Olsen rend également hommage à la tradition des polars nordiques en instillant par petites touches un regard sans concessions sur cette société danoise qui n’est plus un modèle du genre. Avec ce deuxième opus, les lecteurs fans de Miséricorde ne seront pas déçus.