Les filles du chasseur d’ours, ce sont sept sœurs terribles et féroces qui se jouent des codes d’une société sous contrôle. Anneli Jordhal est enfin traduite en France et signe un incontournable de cette rentrée !

Au cœur de la campagne finlandaise, les filles Leskinen suscitent fascination et effroi. La narratrice, en proie à une véritable obsession, cherche à comprendre qui sont ces filles, quel est leur quotidien, ce qui les anime. Volontiers présentées comme des inadaptées incapables de vivre en société, évoluant comme de véritables sauvageonnes, ces sept sœurs sont aussi différentes que solidaires face à leurs nombreuses infortunes. Chacune est dotée d’une personnalité hors normes : de l’autoritarisme ridicule de l’aînée, en passant par la bigoterie obtus de la cadette jusqu’à l’habilité de la benjamine qui cherche par tous les moyens à s’extirper de ce clan complètement déjanté, elles ne s’avouent jamais vaincues. Au décès de leur père, un chasseur d’ours éminemment considéré et à qui elles vouaient une véritable vénération, elles affichent la volonté de marcher dans ses pas et de suivre ses enseignements en s’enfonçant dans la forêt primaire pour vivre en autarcie. Les sœurs n’en sortent que rarement pour se rendre à la foire et vendre leurs peaux de bête où elles sont attendues avec impatience par les villageois (les villageoises sont, elles, nettement plus hostiles !). Très régulièrement enlisées dans des situations totalement ubuesques, les filles Leskinen s’en sortent au prix de quelques coups et d’une filouterie sans bornes ! Anneli Jordahl nous livre un roman très particulier qui oscille entre la drôlerie des situations et les conditions de vie extrêmement rudes auxquelles sont confrontées les héroïnes : le dénuement le plus total, la faim qui tord le ventre et les réveille la nuit, le froid qui s’immisce et la maltraitance physique et psychologique qui sévit au sein de cette fratrie. Un roman détonnant, d’une originalité folle où l’on voit évoluer ces femmes renardes époustouflantes !