Le Livre de neige a l’aspect fragmenté et précieux des flocons, dont le silence aristocratique tombe avec grand fracas sur nos cœurs, rendus pour un temps à leur pureté. C’est le roman si bien rêvé qu’il en semble vrai de la mère de l’auteur, Maria Nieves ; neige, en espagnol. Fille de Carmen (figure centrale de son précédent roman, Einstein, le sexe et moi), nous la suivons, un peu amoureux, de l’Espagne franquiste à la France des années 2000. En marchant dans la forêt de cette femme extraordinaire, l’auteur raconte un pan de notre histoire commune. Celle des HLM, des bibliothèques, des chansons de Jean Ferrat… « Quelle amnésie nous constitue ? (…) Réhabiliter la mémoire de nos proches, ce pourrait être un début. » Si le titre du roman évoque Albert Cohen, la forme fragmentaire et les photographies évoquent le fantôme de Barthes, témoins d’un « cela a été » souvent bouleversant. Le poème d’un enfant caché dans l’amour d’un homme.