Littérature française

Éric Chevillard

La Chambre à brouillard

✒ Nicolas Mouton

(Librairie Le Presse papier, Argenteuil)

Nul autre qu’Éric Chevillard n’aurait pu nous entraîner dans les éclats de rire si angoissés et euphoriquement noirs qui peuplent cette Chambre à brouillard et dont le protagoniste « se perd dans les ombres », « se cherche dans les brumes ». Ce roman à la délirante intrigue est avant tout une fête du langage. Il surprend en permanence par la variété grisante d’un style qui invente à chaque phrase : ironie, satire, détournement d’expressions toutes faites, phrases à rallonge, parodie de poncifs littéraires, fausses citations (« Il faut retourner au bulldozer son jardin. »). Le narrateur est un prétendu scientifique, vaniteux et inquiétant, obsédé par un « sujet » dont il repousse toujours le moment de nous en révéler la teneur. Ce discours déceptif, raille à merveille les tics des chercheurs (méthode, jalousie, fausse rationalité). Mais le vrai sujet n’est-il pas la création elle-même, ses affres, sa folie toujours recommencée ?

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