Polar
Gwenaële Robert
Le Dernier des écrivains
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Gwenaële Robert
Le Dernier des écrivains
Les Presses de la Cité
10/03/2022
198 pages, 20 €
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Chronique de
Nicolas Mouton
Librairie Le Presse papier (Argenteuil) -
❤ Lu et conseillé par
6 libraire(s)
- Martine Coussy de Entre les lignes (Chantilly)
- Claire Petiteau de BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE DE SENLIS (Senlis)
- Marie-Odile Perrocheau de Agora (La Roche-sur-Yon)
- Anne Lesobre de Entre les lignes (Chantilly)
- Denis Allard de La Sorbonne (Nice)
- Lucas Schrub de Ici (Paris)
✒ Nicolas Mouton
(Librairie Le Presse papier, Argenteuil)
Forte de trois remarquables romans où elle croisait la plume avec l’Histoire et le panache, Gwenaële Robert lève à nouveau l’encre pour se lancer à l’abordage d’une nouvelle collection, nous grisant de grands vents marins et de petits cailloux littéraires.
Marie Rivalain, attachée de presse de 35 ans et sirène de la solitude, cherche son écrivain, Pierre Le Guellec, le nouveau prix Nobel de littérature, disparu quelque part entre Saint-Malo et Stockholm. A-t-il fui ? Est-il victime d’un enlèvement ? Quels secrets cachent les locataires de son hôtel, aussi taiseux que le père de l’héroïne ? De ce qui commence comme un roman à la Simenon, Gwenaële Robert fait un petit chef-d’œuvre d’esprit et d’invention. Espiègle, savoureux, émouvant : c’est la première fleur noire de ce printemps. La forme est celle de la tragédie classique : unité de lieu (Saint-Malo), unité d’action (l’enquête) et unité de temps (une semaine), mais l’expression est toujours vive et poétique. Les personnages sont irrésistibles, depuis le chien Silver (argent) qui tombe en dépression quand disparaît son maître, à Charles de Maisonneuve, hôte de la vieille maison de corsaire. Ils nous entraînent sur la piste des fausses apparences dont la moindre n’est pas le monde littéraire lui-même. Sans doute est-ce là le vrai sujet du livre : la dérive d’un métier et d’une race d’écrivains dont notre Nobel fait figure de dernier des Mohicans. On reconnait ici Françoise Verny, là Michel Le Bris, accompagnés du fantôme de Chateaubriand dont le « mensonge permettait d’atteindre une vérité supérieure ». À malouine maligne et demi, Gwenaële Robert nous interroge sur l’art, le bonheur, la réconciliation, les mirages de l’évidence et révèle que le dernier des écrivains peut écrire pour le premier des lecteurs. Là, chaque vie humaine mélange deux alcools : un port d’attache avec ses remparts, sa mémoire et l’appel exaltant du large. Le roman reste une aventure.