Littérature étrangère

Hanna Halperin

Notre part d’ombre

Chronique de Marie-Ève Charbonnier

Librairie Paroles (Saint-Mandé)

Nessa et Tanya Blum sont sœurs. Tanya est avocate et mariée à un médecin, elle a une vie bien réglée, est un bourreau de travail. Nessa est secrétaire chez une psychiatre et mène une existence moins conformiste. Alors que le destin les a éloignées, elles sont témoins d’une scène de violence conjugale subie par leur mère, remariée, qui va les rapprocher. La violence, la peur font partie des ressorts du roman. Hanna Halperin les traite extrêmement bien, qu’il s’agisse du décorticage du mécanisme d’emprise que de l’aveuglement de l’entourage. Dans cette atmosphère particulière, le cœur du récit sont les relations familiales, notamment celles qu’entretiennent les deux sœurs. Les vies de Nessa et Tanya sont ainsi narrées à l’aune de la fraternité : comment fait-on pour vivre ensemble, évoluer, se distinguer, s’éloigner, s’aimer ? Cette analyse fine est très réussie et servie par une construction au cordeau, faite d’allers-et-retours entre passé et présent, où les points de vue alternent. Le tout forme le très beau roman d’une famille américaine de la classe moyenne, figée dans un drame.

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