Littérature française

Véronique Olmi

La Nuit en vérité

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photo libraire

Chronique de Béatrice Putégnat

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La Nuit en vérité est un magnifique roman d’apprentissage centré sur le personnage d’Enzo Popov, garçon rondouillard au seuil de l’adolescence et aux marges de la société. Physique ingrat, mal fagoté, Enzo nous entraîne sur la piste de ses origines, égratignant au passage les bien-pensants et les nantis.

Un fils et sa mère au milieu d’un grand appartement, comme une toile d’araignée qui les retient prisonniers des non-dits, des apparences et de leur position sociale. La Nuit en vérité est un livre dense qui fait émerger les mondes intérieurs de ceux que l’on peut croiser tous les jours sans même les voir. Qui fait attention aux états d’âme, aux fêlures d’une bonniche ? Peut-être que derrière le p’tit gros qui sent mauvais se cache un esthète pétri de sensibilité, non ? Allons donc ! vous plaisantez… La cruauté humaine est sans limite. Enzo Popov va en faire l’expérience. Meurtri dans sa chair, il aurait pu ne jamais se relever. Se laisser couler, dériver… Mais de son corps martyrisé jaillissent les guerres passées, petites et grandes. Comme s’il exorcisait tous les fantômes, toutes les dérives et trahisons familiales pour aller vers la lumière, l’apaisement. La vie est brutale et dure pour Enzo, ce garçon « né d’une succession de catastrophes et d’embrouillaminis ». Pourtant, sous la chair bouffie, l’âme est belle, prête à éclore.

 

Page — Au cœur du roman, Enzo, 12 ans, aux prises avec la solitude et la cruauté des autres. Qui est Enzo Popov, un prénom à la consonance italienne et un nom sonnant russe ?
Véronique Olmi — Enzo Popov est un adolescent de 12 ans qui vit à Paris avec sa mère, Liuba. Celle-ci n’a pas 30 ans. Elle a donc eu Enzo très jeune. La relation qu’elle entretient avec lui apparaît comme une espèce de huis clos un peu pesant. Enzo est un garçon déclassé socialement. Il vit un peu en marge. Il souffre de surpoids, sans être obèse, et est objet de rejet à l’école. Je compare volontiers Enzo à un petit brin d’herbe qui pousse entre les pavés. Je le vois comme un personnage qui s’efforce en permanence de se tourner vers les forces de la vie. Il survit par la littérature. Il emprunte des livres à la bibliothèque et les dévore. Cette activité a, pour lui, quelque chose de salutaire. Elle influe sur sa manière de regarder le monde, d’appréhender Paris, la beauté qui se dégage de la ville, de ses rues, de son architecture, de la lumière qui parfois l’enveloppe… […]

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