Littérature étrangère

Joyce Maynard

L’Homme de la montagne

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photo libraire

Chronique de Béatrice Putégnat

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Le nouveau roman de Joyce Maynard est envoûtant. Observatrice de l’âme adolescente, elle construit un suspense psychologique haletant et sensible. Là-haut, sur la montagne, les jeux d’enfants peuvent être dangereux…

Un conte cruel, un bijou de suspense parfaitement maîtrisé ! Pour l’écrire, Joyce Maynard s’est inspirée d’un fait divers, les vingt-et-un meurtres de Trailside commis à la fin des années 1970 dans la banlieue de San Francisco. Elle a rencontré les filles de l’inspecteur Torricelli, chargé alors d’une enquête qui va le laisser exsangue, malade et discrédité professionnellement. L’habileté de Joyce Maynard est de tisser un véritable roman d’apprentissage, une histoire de famille complexe en entremêlant ses fils romanesques avec ceux de la réalité policière. Elle raconte l’histoire de Rachel et Patty, âgées de 13 et 11 ans à l’époque des faits. Ou plutôt, Rachel raconte. Une histoire d’amour sensible et forte entre un père et ses deux filles, entre un couple séparé mais qui se retrouve parfois pour discuter. Entre un père accaparé par l’enquête et ses conquêtes féminines et une mère dépressive, Rachel et Patty jouissent d’une liberté presque totale. La montagne est leur terrain de jeux favori. Elle attire les deux sœurs, aimantées par cet espace de liberté et de transgression. Quand en plus des meurtres y sont commis, elle devient presque un personnage à part entière. L’enquête, dirigée par le père des deux adolescentes, patine. Le serial killer joue avec les nerfs de la population. La police est à cran. Le flamboyant inspecteur Torricelli est tenu en échec. Rachel a une imagination débordante. Elle se met en tête de traquer le tueur pour aider son père. Mais la chasse à l’étrangleur va leur réserver bien des surprises. Quand les jeux d’enfants se transforment en jeux interdits, tout peut arriver. Trente ans après cette aventure qui a bouleversé sa vie, Rachel est devenue romancière. Mais la fin de cette histoire d’amour fraternel et filial restait peut-être à écrire. Le tueur court toujours. Chut…

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