Littérature française

Julien Dufresne Lamy

Deux cigarettes dans le noir

photo libraire

Chronique de Béatrice Putégnat

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Clémentine a-t-elle percuté Pina Bausch en partant accoucher, seule, de son premier enfant ? Entre folie et quête d’identité, un portrait chorégraphié d’une femme déroutée.

Après Dans ma tête, je m’appelle Alice (Stock), Julien Dufresne-Lamy livre un deuxième roman où il nous fait rentrer dans la tête et le corps d’une femme en marge de la société, des hommes et... d’elle-même. Clémentine travaille dans une fabrique de parfums. Elle tombe enceinte. Presque par accident. Sur le chemin de la maternité, elle renverse une femme, continue sa route. Après l’accouchement, elle se souvient juste d’une silhouette longiligne, des cheveux gris, d’une cigarette. Apprenant la mort de la chorégraphe Pina Bausch, elle est convaincue de l’avoir tuée. Obsession, dépression, réalité, les jeux sont brouillés. Une lettre anonyme corrobore la thèse de l’accident. Renfermée sur elle-même avec Barnabé, Clémentine voue un culte obsessionnel à la danseuse, allant même jusqu’à rebaptiser son fils Pina. Une vie par procuration s’instaure. Barnabé, Clémentine, Pina… la trinité fusionne. Maternité, morbidité. Mais peu à peu, Clémentine s’éveille au mouvement, à la danse. Elle décide de suivre les traces de son idole à Wuppertal : « Danser, c’est savoir marcher... Respirer. Donner le sein. Abandonner... Tout peut être de la danse. Même tuer ». Et, pour Clémentine, danser c’est accepter son origine et devenir mère.

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