«Un dimanche de cet hiver, j’avais entrepris d’ouvrir les cartons de livres que Léo m’avait laissés en héritage. Je ne me doutais pas que ce geste allait m’entraîner dans un voyage aussi singulier. J’ignorais quels livres il avait choisi de me donner, tout comme il avait omis de me confier qu’il était malade. » Lorsque la narratrice, Laure, se décide à déballer enfin les cartons que son ami Léo, metteur en scène, lui a légués, elle y découvre tous les textes qu’ils avaient travaillés et récités ensemble dans la troupe fondée au lycée. Parmi ces précieux ouvrages, elle trouve un exemplaire de La Chartreuse de Parme. La lecture des premières pages va réveiller en elle un souvenir qu’elle pensait enseveli et qui la ramène à ce dernier été, celui de ses 14 ans, chez sa grand-mère, en Normandie, lorsqu’un homme inconnu lui lisait le roman à haute voix en mémoire de sa fille disparue. Il lui avait murmuré : « Quand vous serez plus grande, vous irez à Parme, il faut lire ce roman de Stendhal à Parme ». Une rencontre émouvante et intense qui résonne ardemment en Laure. La narratrice décide donc de partir en Italie pour répondre des années plus tard à la demande de cet homme si désemparé et avec pour seul bagage La Chartreuse de Parme de Stendhal. On progresse en funambule dans les méandres de ce pèlerinage au charme flottant, ému par la finesse du texte. Michèle Lesbre fouille inlassablement la mémoire et fait coexister merveilleusement le passé et le présent, les morts et les vivants. Ce roman est une magnifique balade littéraire et théâtrale dans les rues de Parme. La plume de Michèle Lesbre est toujours aussi élégante, raffinée et sensible. On referme le livre en étant touché, empreint d’une douce mélancolie et saisi par l’envie éperdue de lire ou relire La Chartreuse de Parme.