Alerter, informer, questionner est la « devise » et la volonté de cette nouvelle collection « Libelle » publiée par Le Seuil. Elle a pour vocation d'accueillir des textes courts d'auteurs engagés en décortiquant et en fouillant l'information présente dans le débat public. L'ambition est donc clairement d'accompagner le lecteur, de l'aider à s'y retrouver dans une époque complexe où les repères ont tendance à se déplacer et où les mots sont autant d'armes, dont l'usage varie en fonction de ceux qui les manient ou les manipulent. Pour son nouveau label « de combats et d’idées », Le Seuil mise sur un prix attractif (4,50 euros), un format 17 x 12,5 cm et une faible pagination. Cette collection a été inaugurée le 7 janvier dernier par deux premiers titres : L’Ensauvagement du capital de l’historienne Ludivine Bantigny et Qui « annule » quoi de la chercheuse spécialisée dans l'histoire culturelle, Laure Murat. Le premier titre est une réflexion sur la violence accrue du capitalisme où les conditions de travail marquent les corps et les esprits des femmes et des hommes. Quant à Laure Murat, elle examine avec minutie la  cancel culture, cette autre face de la violence du capitalisme et des oppressions qu’il met en place. Elle y dresse un panorama historique et intellectuel de la cancel culture. Le 14 janvier, c'est l'économiste Thomas Piketty qui signera à son tour un essai intitulé Mesurer le racisme, vaincre les discriminations. Une réponse cinglante à l'obsession identitaire actuelle en s'appuyant sur les politiques socio-économiques et anti-discriminatoires, il plaide pour un modèle universaliste de lutte contre les discriminations. ll sera suivi par la spécialiste des médias Julia Cagé qui publiera début février Le Contre Bolloré : pour une télé libre. Elle y dénonce la concentration des médias et notamment l’accélération de la constitution de l’empire de Vincent Bolloré. Dans La Langue de Zemmour, la spécialiste du langage politique Cécile Alduy démontrera comment les mots de la gauche ont été pervertis, dans un texte à paraître le 11 février. En moins de cent pages, dans un petit livre-fascicule de dimension de poche, les auteurs retracent et contextualisent des notions historiques et politiques. Cette collection propose un outillage idéologique pour accompagner les mobilisations futures et envisage une douzaine de titres par an. Dans une société prompte aux jugements hâtifs et trop souvent clivants, « Libelle » apporte son grain de sel !