Littérature française
Frédéric Beigbeder
Premier Bilan après l’apocalypse
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Frédéric Beigbeder
Premier Bilan après l’apocalypse
Grasset
10/12/2024
0 €
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Chronique de
Mélanie Le Loupp
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❤ Lu et conseillé par
6 libraire(s)
- Lydie Zannini de du Théâtre (Bourg-en-Bresse)
- Aurélie Paschal
- Daniel Berland
- Diane Maretheu de L'Iconoclaste ()
- Jean-Charles Baudet-Plazolles de Mille et une pages (Paris)
- Yohan Geffroy de Les Folies d'encres (Le Raincy)
✒ Mélanie Le Loupp
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Cent livres pour le prix d’un ! C’est ainsi que Frédéric Beigbeder tente de nous appâter avec Premier bilan après l’apocalypse. Et il faut dire qu’une fois commencée la lecture, il est impossible d’en sortir. Savant mélange d’intelligence, d’humour et de finesse.
À l’ère du livre numérique, du téléchargement et des difficultés que peuvent rencontrer les librairies indépendantes, Frédéric Beigbeder offre une vraie cure de jouvence au livre. En effet, l’auteur entretient un rapport au livre qui peut presque se révéler émouvant, tant aujourd’hui, le comme il le nomme affectueusement, devient un objet en perte de vitesse et de moins en moins considéré. Sa préface est remarquable et donne à réfléchir sur notre propre rapport au livre, mais aussi à la littérature. est une suite à D, paru il y a tout juste dix ans, et dans lequel Frédéric Beigbeder commentait avec un savant mélange d’humour et d’esprit le top 50 des lectures favorites des Français. Ainsi, ce nouvel essai lui permet de présenter ses cent œuvres préférées. Ce fut sûrement un rude labeur que d’établir des choix, de dresser une liste, d’ajouter, de retrancher… Il lui a fallu évaluer les livres selon un barème qu’il a choisi, barème plutôt cocasse et qu’il énumère dans sa préface, du genre : si l’auteur est beau, mort, si l’œuvre est courte ou encore réussit à faire monter le désir, etc. À la suite de ce choix cornélien, on sent à quel point Frédéric Beigbeder a pris plaisir à disserter sur ceux qu’il considère comme des modèles, des semblables, des amis, et qui lui ont fait vivre de vraies émotions littéraires. Il n’est certes pas simple de parler d’un écrivain quand on en est un soi-même. Qu’importe, Beigbeder dresse des portraits, nous entretenant de Nizon avec humour et intelligence, de Capote, de Bret Easton Ellis, de Harrison et de Colette, de Sagan, de Blanchard ou de Cobain… comme s’il les connaissait, comme s’ils étaient vivants. Alors, même si le livre numérique déferle sur nos existences et renverse nos bibliothèques, jamais il ne parviendra à causer notre perte. À nous amoureux du livre, libraires, écrivains, éditeurs, il restera toujours l’optimisme et le souvenir de ces pages tournées.