Essais

Le langage du monde

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✒ Mélanie Le Loupp

Jean-Christophe Bailly poursuit son voyage. Avec La Phase urbaine, il pénètre cette fois au cœur même de la ville et livre ses impressions de géologue, de philosophe, d’architecte et d’historien.

« Le sujet de ce livre est la France. Le but est de comprendre ce que ce mot désigne aujourd’hui et s’il est juste qu’il désigne quelque chose qui, par définition, n’existerait pas ailleurs ». C’était ainsi que commençait Dépaysement (Points), essai d’un promeneur solitaire au cœur de son pays, la France. Quel passé pour la ville et ses abords ? Quelles peuvent être nos impressions de l’héritage haussmannien ou de l’installation de dortoirs en périphérie comme le veut la vogue un peu sinistre du développement urbain actuel ? Quelles solutions trouver afin d’équilibrer la ville et la rendre plus dynamique, plus pratique, plus esthétique ? Jean-Christophe Bailly aborde la ville comme un théâtre, il en explore les coulisses et les recoins les moins reluisants, les artifices, les chausse-trappes, les décors invisibles et la scène principale… Sur ce théâtre, c’est le promeneur qui joue le rôle principal. Et si la ville est un théâtre, c’est parce qu’elle est avant tout un langage. Ainsi, les constructions – maisons, immeubles, tours, sous-sols… – seraient un verbe conjugué au passé, au présent et au futur. La Phrase urbaine de Jean-Christophe Bailly élabore une nouvelle « grammaire générative des jambes » qui se conjuguerait au fil de nos promenades. Toutefois, attention ! Il convient d’ouvrir les yeux afin de ne rien rater… Notons également que Jean-Christophe Bailly est à l’origine du Parti pris des animaux, condensé de huit textes écrits à l’occasion de séminaires et recueil d’articles divers. Cet ouvrage, qui prend pour sujet l’animal, est une fois de plus une façon de se pencher sur le langage, un langage devenu tout naturellement ici animal. Quel regard portons-nous sur cet être à la fois différent et proche ? Si le langage des animaux est incontestablement différent du nôtre, il n’en reste pas moins un langage, qu’il soit muet ou bruyant, qu’on le découvre à travers des odeurs ou des comportements. Ainsi le langage, de même que la France, existerait pour et selon chacun d’entre nous.