Littérature étrangère

Joyce Carol Oates

Le Musée du Dr Moses

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photo libraire

Chronique de Mélanie Le Loupp

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Elle nous avait laissés avec un récit autour du deuil, suite à la mort de son mari. On retrouve Joyce Carol Oates dans un exercice qui lui va fort bien : la nouvelle. Le Musée du Dr Moses rassemble des textes parus dans diverses revues.

Le recueil débute avec « Salut ! Comment va ! » Des joggeurs se croisent. Le point de vue va de coureur en coureur. Joyce Carol Oates régule son récit au rythme de la course jusqu’à une fin surprenante. Le lecteur halète et halètera tout au long de sa lecture, qui se transforme, elle aussi, en course effrénée. Les neuf autres nouvelles sont du même acabit. Certaines sont habitées par la peur, telle « Mauvaises Habitudes », où l’on suit les enfants d’un serial killer ; d’autres dérangent, entre mystère et noirceur… Avec « Fauve » Joyce Carol Oates observe le comportement d’un enfant à l’égard de son entourage et son changement radical suite à un accident. Dans « Surveillance antisuicide », elle remet en cause la relation d’un père avec son fils. Poussé dans les confins du mensonge et de la rancœur, un fils manipule son père. Joyce Carol Oates construit le récit comme une succession de tranches de vie, qui s’assemblent comme autant de faits divers. À la manière d’un maître du suspense et du fantastique – on pense à Stephen King ou à Edgar Allan Poe –, la romancière réussit un tour de force en composant une ambiance et une vision du monde assez glauque pour nous faire peur ! Elle livre par ailleurs une fine analyse de la société et de ses malaises installant une atmosphère d’une noirceur à faire pâlir.