Littérature étrangère
Eric Miles Williamson
Bienvenue à Oakland
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Eric Miles Williamson
Bienvenue à Oakland
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Alexandre Thiltges
Fayard
24/08/2011
414 pages, 22 €
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Chronique de
Mélanie Le Loupp
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❤ Lu et conseillé par
8 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Renaud Junillon de Lucioles (Vienne)
- Martine Facon
- Clarisse Blanchard de L'Humeur vagabonde (Paris)
- David Bélair
- Mélanie Le Loupp
- Marion Pinvin de Sauramps Comédie (Montpellier)
- Gabriel Pflieger de Vivement dimanche - La Benjamine (Lyon)
✒ Mélanie Le Loupp
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« Ce livre parle des gens qui travaillent pour gagner leur vie, les gens qui se salissent et ne seront jamais propres. […] Pour toi, ce sont des personnages, pour moi c’est la famille, ceux avec qui j’ai grandi ». Voilà le coup de poing de la rentrée, un livre dont on ne sort pas indemne.
Bienvenue à Oakland est un somptueux roman. T-Bird, le personnage principal, vit reclus dans un garage miteux situé le long de la baie, il est mangé par la vermine, se drogue aux vapeurs d’essence et est paralysé par le froid. T-Bird livre au lecteur quelques épisodes de son existence révoltée contre une société qui l’exclut. Passionné par la trompette… et le whisky, il parle de ses souvenirs, de sa famille et de l’environnement totalement « White trash » (de vrais beaufs de banlieue américaine) dans lequel il a vécu. Le ton est agressif et incisif, mais il touche juste. Sur un fond de musique des bas-fonds, Eric Miles Williamson explore des thèmes chers à l’Amérique profonde, dépeignant des soirées abondamment arrosées, commentant la vie de l’un de ses amis, évoquant la pauvreté, les contrastes sociaux, l’alcoolisme, les déviances sexuelles. T-Bird déverse ses souvenirs et noie dans le whisky l’amertume que lui inspire une société consumériste, rongée par l’image, par le désir de pouvoir et la soif inépuisable de l’argent. L’auteur ne livre pas seulement des flash-back, il livre un roman passionnant. La forme, qui rappelle par certains côtés ceux d’un Céline ou d’un Kerouac, est un bel exercice de style, mais c’est aussi une manière pour l’auteur de mettre en relief l’humanité du narrateur. Le lecteur a le sentiment d’être le dépositaire d’un message, de même qu’il participe activement à l’humanisation du personnage qui prend véritablement corps sous ses yeux. Personnage atypique à l’intérieur duquel se côtoient et s’affrontent faiblesses et forces, T-Bird percute son lecteur avec son parler mordant. Eric Miles Williamson évite soigneusement tout pathos et tout manichéisme, son Amérique n’est jamais réduite à une dualité simpliste où ne régneraient que le noir et le blanc. Pour autant, son roman n’est pas non plus gris, au contraire. Sa vision du monde, tout du moins de son entourage, se compose d’une multitude de métissages. Ni complaisant ni provocateur, n’ayant en aucune manière le projet d’offenser, l’auteur ne semble rechercher que la sincérité. C’est sans doute la raison pour laquelle on éprouve tant de justesse en découvrant sous sa plume la ville d’Oakland. À tous ceux qui apprécient de voir la vérité en face et qui refusent d’être dorlotés par un livre, je conseille ce mémorable roman, dans lequel l’agressivité et la noirceur n’entament à aucun moment l’optimisme qui enveloppe tout entier ces pages.