Littérature étrangère
Victor Heringer
L'Amour des hommes singuliers
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Victor Heringer
L'Amour des hommes singuliers
Traduit du portugais (Brésil) par Hélène Melo
Denoël
02/01/2025
180 pages, 20 €
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Chronique de
Manuel Hirbec
Librairie La Buissonnière (Yvetot) - ❤ Lu et conseillé par 10 libraire(s)
✒ Manuel Hirbec
(Librairie La Buissonnière, Yvetot)
Le premier roman traduit en français de Victor Heringer, auteur culte au Brésil et mort tragiquement jeune en 2018, est un cadeau tombé du ciel. On ne l'attendait pas. On ne pourra plus s'en passer.
« Bulletin météorologique : la température de ce roman est toujours supérieure à 31°C. » Quand vous entrez de cette façon dans un roman qui s'ouvre par un bulletin météorologique en guise d'avertissement au lecteur et se poursuit en revisitant la Genèse à la sauce carioca (« Les banlieues de Rio de Janeiro apparurent en premier dans le monde, avant même les volcans et les cachalots »), vous ne savez vraiment pas où vous allez ! Mais vous êtes certains que vous êtes bien partis et sur le bon chemin ! L'Amour des hommes singuliers va tenir toutes les promesses de cette inventive et joyeuse entrée en matière. En moins de 200 pages, il va réunir de la légèreté et de la gravité, de l'humour et des émotions, de la créativité littéraire et de la poésie narrative, de la mélancolie et de la drôlerie. Scènes et passages cultes en sus. Camilo, le narrateur, a grandi à la fin des années 1970 loin des favelas, dans une famille aisée possédant personnel et villa avec piscine. Une famille idéale en apparence mais dont le père médecin semble avoir de troubles relations avec les tortionnaires de la dictature au pouvoir. Camilo passe ses journées en compagnie de sa sœur et d'une bande de petits mecs qui veulent bien l'accepter, lui, l'enfant à la patte folle. Trente ans après les faits, il articule son présent d'homme vieilli avec le passé de son adolescence. Il raconte la seule histoire qui compte, une histoire d'amour. Et parmi les histoires d'amour, la seule qui compte, celle du premier amour, une histoire belle et fulgurante pour un autre garçon, Cosme, portrait inversé de Camilo, qui a fait irruption dans sa famille. Grave et drôle à la fois, cette histoire d'éveil amoureux et sexuel dresse en arrière-plan une peinture politique et sociale du Brésil marquée par la violence.