Beaux livres
La Tapisserie française
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La Tapisserie française
Sous la direction de Benoît-Henri Papounaud
Éditions du patrimoine
09/11/2017
320 pages, 49 €
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Chronique de
Manuel Hirbec
Librairie La Buissonnière (Yvetot) -
❤ Lu et conseillé par
3 libraire(s)
- Claudine Courtais
- Marie Boisgontier
- Aurélie Bouhours de Au temps des livres (Sully-sur-Loire)
✒ Manuel Hirbec
(Librairie La Buissonnière, Yvetot)
Somme précieuse et accomplie, La Tapisserie française dévoile huit siècles de trésors et d’excellence d’une fascinante technique artistique et artisanale. Ce reflet d’une Histoire riche de couleurs et de formes comblera le lecteur de ses beautés soigneusement reproduites et délicatement mises en valeur.
Le portfolio qui ouvre la première partie de La Tapisserie française dévoile une réjouissante explosion de formes et de couleurs. Il révèle tout à la fois la fascinante beauté de cet art ostentatoire et la fragilité de ce mobilier exposé à travers les siècles, soumis aux outrages du temps et aux aléas de l’Histoire. Puisant notamment dans les trésors du mobilier national, ce généreux ouvrage dévoile les pièces les plus exceptionnelles qui nous sont malgré tout parvenues depuis le Moyen Âge et conservées aujourd’hui avec le plus grand soin. Reflet de l’Histoire, ces tapisseries sont présentées selon une approche chronologique détaillée et amplement développée siècle par siècle. On découvre ainsi leur émergence à partir du XIVe siècle avec des joyaux comme la tenture de L’Apocalypse, actuellement exposée au château d’Angers, originellement composée de six pièces mesurant chacune environ 23,50 mètres de long sur une hauteur de 6 mètres, dont la confection a nécessité six à sept ans de travail. On y retrouve bien entendu la fameuse tenture de La Dame à la Licorne exposée au musée de Cluny – musée du Moyen Âge à Paris. Les détails reproduits ici en montrent toute la splendeur. Ce sera ensuite l’essor de cet art puis son âge d’or au Grand Siècle. Pour en saisir l’ampleur, les auteurs donnent à voir la diversité des thématiques développées (historiographique, littéraire, mythologique, biblique, etc.), ils précisent le rôle et la puissance des commanditaires comme la destination de ces ensembles fabuleux. Une grande place est également faite aux artistes qui créent les cartons servant de modèles aux artisans qui réaliseront les tapisseries, ces lissiers anonymes qui glisseront les fils de trame entre les fils de chaîne dans les ateliers d’excellence des Gobelins à Paris ou ceux de Felletin et d’Aubusson qui accueille aujourd’hui la Cité internationale de la tapisserie. Soumise à l’Histoire comme à l’évolution de la société, la création de tapisseries voit ce faste se ternir après la Révolution française et les débuts de l’ère industrielle avec l’apparition, par exemple, des papiers peints. Cette remise en cause et ces nouvelles interrogations sont l’objet de la palpitante seconde partie de l’ouvrage « La tapisserie, miroir de la modernité ». Tout au long du XXe siècle, les dirigeants d’ateliers comme les créateurs vont explorer de nouvelles voies pour réinventer cet art, faisant évoluer les savoir-faire du passé sans les trahir. L’ouvrage fait alors entrer le lecteur dans les ateliers, au plus proche de la création contemporaine et de cet art d’excellence, de haute précision et de haute patience. Les éditions du Patrimoine nous offrent une somme à cette image, tout en finesse et en élégance jusque dans les détails de sa police de titre qui n’est pas sans joliment rappeler les fils de trame. Le lecteur, spécialiste, curieux ou simple amateur de la beauté de choses est comblé. Un plaisir qui se prolonge dans un ludique album de trente coloriages issus de reproductions de l’ouvrage et des collections patrimoniales.