Polar
Fabiano Massimi
L'Ange de Munich
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Fabiano Massimi
L'Ange de Munich
Traduit de l'italien par Laura Brignon
Albin Michel
10/03/2021
540 pages, 21,90 €
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Chronique de
Jean-Baptiste Hamelin
Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Isabelle Aurousseau-Couriol de de Paris (Saint-Étienne)
- Stanislas Rigot de Lamartine (Paris)
- Isabelle Poilbois de Espace Culturel E.Leclerc (Chambly)
- Sébastien Touzeau de des Canuts (Lyon)
✒ Jean-Baptiste Hamelin
(Librairie Le Carnet à spirales, Charlieu)
Formidable premier roman de Fabiano Massimi, cet Ange de Munich convoque la grande Histoire pour enquêter sur des actes subtilement scénarisés, pervertissant la réalité au profit de leaders politiques. Ici le gentil oncle Alf.
Quand, en 1931, Angela Raubal est retrouvée le corps ensanglanté et la poitrine perforée par un tir de pistolet, le commissaire Sauer et son adjoint Forster « bénéficient » d’une seule journée pour boucler l’enquête et conclure à un suicide. Ne pas faire de vagues, minimiser l’incident, tempérer la presse, garder les portes closes et gober, dociles, les déclarations orales des comédiens, pardon des témoins. Alors, bien sûr, nos deux commissaires frustrés par cette situation décident de soulever le couvercle de la marmite. Suicide ou meurtre ? La réussite de ce roman est de plonger le lecteur dans l’Allemagne paranoïaque de 1931, au plus proche d’Adolf Hitler, le gentil oncle Alf, et de sa cour de médiocres. Un bristol de la main même d’Hitler, comme un sauf-conduit, permet aux enquêteurs de circuler dans les arcanes du futur pouvoir et d’interroger la garde rapprochée du leader du parti nazi, mais aussi les domestiques qui s’appliquent à peaufiner le tableau préparé par leur guide, metteur en scène de sa propre folie. Jeu de dupes, chausse-trappes, lâcheté, fausses pistes... rien ne sera épargné aux deux policiers qui ont la terrible sensation que l’enquête n’avance pas et qu’ils ont toujours un coup de retard. Fabiano Massimo a scrupuleusement suivi l’enquête initiale, les témoignages connus afin de coller au plus proche de la réalité, ne se permettant que quelques libertés étoffant l’histoire. Angela morte, Hitler est seul : « C’est la seule femme que j’aurais pu épouser. Désormais, mon épouse sera l’Allemagne ». De rebondissements en révélations inattendues, l’enquête aimante le lecteur qui, au fil des pages, se pose cette question essentielle : qui souhaita la mort de la belle Angela ? Les ennemis ou les amis d’Hitler ?