Littérature française

Alexis Jenni

La Conquête des îles de la Terre ferme

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Chronique de Jean-Baptiste Hamelin

Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu)

Roman d’aventures, de guerres et de conquêtes, de chairs et de nature, de mer et de violence, ce nouveau livre d’Alexis Jenni est fougueux, généreux, pictural, ambitieux et retrace cette épopée espagnole signant la chute de l’Empire aztèque.

Juan de Luna, le narrateur, devenu riche encomendero (propriétaire terrien et possesseur d’esclaves indiens), au soir de sa vie, raconte, égrenant ses souvenirs, en témoin, la conquête des terres aztèques. Lui, le fidèle d’Hernan Cortès, lui, que ce dernier surnommait affectueusement l’« Innocent ». Et pourtant, que reste-t-il d’innocence après des années de guerres, de luttes, de corps à corps, de sacrifices humains, de culture bafouée. Alexis Jenni suit avec précision le cours de l’Histoire et lui adjoint, avec force détails, un décor, une odeur, dont celle des corps meurtris ou brûlés, une ambiance, dont celle électrique qui fait briller les yeux des conquistadors à l’idée de l’or contenu en ces terres nouvelles. Ce livre est un tableau, une fresque monumentale peinte avec fougue et minutie. Les caravelles ballottées par les flots et ces embarcations fragiles, coques de noix remplies à la gueule de faux soldats mais vrais hommes avides de pouvoir et d’argent. Détruire pour posséder, ne pas comprendre mais coloniser, ne pas respecter mais dominer par la force. S’élève alors, parfois, dans le récit, en italique, comme « à côté », la voix de « l’Indien », voix belle et posée, voix de sagesse et de raison.

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