Littérature française
Christian Oster
En ville
Partager la chronique
-
Christian Oster
En ville
L'Olivier
03/01/2013
180 pages, 18 €
-
Chronique de
Jean-Baptiste Hamelin
Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu) - ❤ Lu et conseillé par 12 libraire(s)
✒ Jean-Baptiste Hamelin
(Librairie Le Carnet à spirales, Charlieu)
Après Rouler (L’Olivier, 2011 ; Points, 2012), ce nouveau roman de Christian Oster, En ville, est tourné vers le voyage et parle du temps qui passe. Un roman d’amitié(s), amitiés de circonstances. Ce roman est celui d’un équilibriste talentueux.
Le point de départ est celui d’un groupe d’amis qui se retrouve pour préparer leurs vacances communes, eux qui pourtant n’ont que peu de choses en commun. Une tradition que ces vacances ensemble, tradition que personne, malgré les événements, ne viendrait remettre en cause. Le narrateur Jean, bientôt la soixantaine, soliloque, se questionne, se penche un peu sur le passé, sur ces gens qui l’entoure sans le connaître vraiment. Il erre dans Paris, recherche un nouveau logement et tombe amoureux d’un improbable appartement situé face à la Seine, à la verticale de voies routières extrêmement passagères. Ses valses hésitations sur le quartier, les volumes de l’appartement demeurent futiles mais lui permettent d’occulter des sujets plus graves : la paternité non souhaitée, la maladie et la mort, le vieillissement, la solitude. Il faut alors toute la grâce d’Oster, toute la finesse de son écriture et de son analyse, pour doter En ville d’un charme total. Dès la première page, le lecteur suit avec bonheur les « aventures » immobiles de Jean et de sa petite bande de vacanciers sur le départ. Outre le nombre important de personnages principaux, Oster donne au récit le ressort nécessaire à une lecture jubilatoire, semant ici et là des événements parfois déroutants mais aussi de longues digressions sur des sujets bien dérisoires. Chacun des personnages se trouve à un moment clé de sa vie où chaque décision porte un poids lourd de conséquences et pourtant seul demeure ce point de départ : les vacances perçues, non comme un baume sur les plaies, mais comme un filtre photographique rejetant au second plan tout autre sujet plus difficile à exprimer et à partager. Ce roman est très souvent drôle, parfois grinçant, particulièrement pertinent sur les relations humaines et surtout les silences, les non-dits, les maladresses qui les caractérisent.