Polar

Hannelore Cayre

La Daronne

✒ Frédérique Franco

(Librairie Le Goût des mots, Mortagne-au-Perche)

Elle travaille pour la police en traduisant des conversations de dealers sur écoute. Son statut précaire, sa solitude, la misère qu’elle côtoie font que sa vie n’est pas rose, mais elle a le pouvoir de faire changer les choses.

Patience Portefeux, la cinquantaine, est veuve. Ses deux filles adultes ont leur propre vie et la sienne est un peu morne. Elle a d’abord été interprète dans les tribunaux. Son travail consiste à présent à aider la police dans le cadre d’affaires de stups et de grand banditisme. Elle doit retranscrire des conversations interceptées et les traduire quand leurs auteurs émaillent leurs propos de phrases en arabe. « Les Moufti et leurs copains étaient nés en France et ne connaissaient du bled que ses plages. C’était des Marocains produits hors-sol ; des Marocains hydroponiques. » En plus de son quotidien guère réjouissant, Patience doit s’occuper de sa mère vieillissante placée en maison de retraite. « Lorsque je n’étais pas en train de suivre le feuilleton des péripéties de ma nouvelle famille marocaine, histoire de me détendre donc, j’allais visiter ma mère dans son mouroir. » Un déclic se fait lorsqu’elle prend conscience que la femme attentionnée qui s’occupe de sa propre mère est la maman de l’un des trafiquants de cannabis qu’elle suit au fil de ses écoutes téléphoniques. Elle décide alors d’intervenir en donnant des informations au chauffeur qui convoie de la marchandise depuis le Maroc pour la banlieue. La drogue échappe à la police et elle la récupère elle-même, puisqu’elle sait où elle est cachée. Dès lors, elle prend les rênes de l’affaire, seule, sous le pseudo de « la Daronne ». Une double vie commence pour elle, entre son travail officiel avec la police et son rôle de « Daronne ». Malgré la noirceur des situations décrites, La Daronne est un polar original et vraiment réjouissant. Le style d’Hannelore Cayre est teinté d’humour, l’écriture est pleine d’énergie, et tout dans ce livre captivant sonne très juste (l’auteure, avocate pénaliste, sait de quoi elle parle).

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