Beaux livres

François Busnel

Jim Harrison, Seule la terre est éternelle

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Chronique de Frédérique Franco

Librairie Le Goût des mots (Mortagne-au-Perche)

Peu avant sa disparition, Jim Harrison s'est laissé filmer par François Busnel et Adrien Soland. Le résultat est un grand film qui célèbre l’œuvre de l'auteur américain et la nature sauvage. Ce très beau livre en est le reflet, comme un hymne joyeux à un écrivain libre, indémodable et plein de sagesse.

Il serait erroné de dire que ce livre est un hommage à Jim Harrison. Car qui dit hommage dit légende, construite sur des étiquettes accolées à l'écrivain pour en faire un symbole, loin de la réalité de l'homme. Il s'agit plutôt d'une œuvre de gratitude, tant l'écrivain a inspiré et nourri François Busnel. D'emblée, il ne cache pas son admiration : « Ses livres sont une invitation à débanaliser sa vie, à vivre plus intensément ». Le point de départ du livre Seule la terre est éternelle est un film que le journaliste rêvait de faire il y a déjà de nombreuses années. Essuyant les refus de Jim Harrison, il garde son idée jusqu'à ce qu'elle se concrétise : « Pas question de raconter la vie d'un écrivain que j'admire […] ni de disserter sur ses bouquins. […] Je veux montrer un homme qui a vécu en brûlant la vie par les deux bouts ». Ce sera le portrait d'un homme dont l'une des préoccupations est le sort que l'on réserve à la nature sauvage : disparition des forêts primaires, pollutions, cupidité et appât du gain... Alors que faire ? La réponse est à piocher dans les histoires qu'il raconte au fil de ses livres : « On se reconnecte à la nature sauvage, loin des villes et de leur pollution car nous sommes aussi la nature et nous avons tendance à l'oublier », explique François Busnel. Le livre retrace toute l'histoire de ce magnifique film (sorti également en DVD) : la naissance du projet, le tournage et les voyages dans les grands espaces américains et sur les lieux de vie de Jim Harrison. On découvre l'écrivain talentueux sans fard, vieillissant certes, mais toujours bon vivant et partageant ses engagements, livrant sa vision de la vie, spontané et entier. On trouvera également à la fin du livre un « dictionnaire des citations harrisoniennes ». « Écriture », « Crépuscule », « Nature »... cet abécédaire est aussi érudit que poétique et plein d'humour. Chaque développement est issu de Dalva, En marge, Wolf, Légendes d'automne... autant de citations marquantes, de passages que l'on aurait soulignés au fil des pages. Si vous êtes déjà amateur de la littérature de Jim Harrison, vous serez ravis de vous plonger dans les coulisses de ce portrait en textes et en images. Si vous ne le connaissez pas encore, vous serez émerveillés par la richesse de sa pensée et de sa poésie. Dans un cas comme dans l'autre, il serait bien étonnant qu'en refermant Seule la terre est éternelle, vous n'ayez pas une furieuse envie de vous plonger dans un livre de Big Jim !

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