Imaginiez-vous que les grandes entreprises de la Silicon Valley pouvaient avoir un lien avec la secte au départ obscure des cosmistes russes ? Michel Eltchaninoff soutient cette thèse étonnante mais pas si farfelue dans cet ouvrage ; dans une langue à la fois claire et presque romanesque, on découvre comment la tradition cosmique a pu naître en Russie, s’est fondue avec le socialisme et continue aujourd’hui de perdurer dans l’esprit soviétique. Cette idée ambitieuse affirme que l’homme a le pouvoir de modifier le cosmos entier et que le cosmos a des actions directes sur les actions humaines. Le transhumanisme est le descendant direct de cette mouvance, qui «°réalise la synthèse des aspirations religieuses de l'homme et sa modernité créatrice.°» Mais cette utopie n’est évidemment pas forcément souhaitable ; pourtant on y croise des personnages tels que Dostoïevski ou Gorki et on y apprend l’émergence d’une idée qui a traversé les années, les pays et les esprits.