La Troisième Vie

Connaît-on vraiment les personnes qui nous entourent ? À quel point peut-on inventer et remodeler un individu ? Bien qu’elles paraissent métaphysiques, toutes ces questions sont présentes dans cette enquête troublante. Imaginez un peu : nous sommes en 1915 et durant une des batailles de l’Isonzo, un jeune Italien d’une vingtaine d’années, Vincenzo Benedetto, disparaît sous les obus. Sa famille fait son deuil. Son frère Jean part s’installer à Villeurbanne, à côté de Lyon. Cinquante années passent. Nous sommes en 1968 et une nouvelle incroyable arrive aux oreilles de Jean : son frère Benedetto vit en Roumanie et il y a fondé une famille ! Fou de joie, il prend le premier vol pour la dictature de Ceausescu et rencontre son neveu Vincenzo, adulte, mais pas son frère, décédé quelques années auparavant. Qu’importe, il a un neveu qui va venir assez rapidement vivre en France. Tout est bien qui finit bien ? Nouveau chapitre. 1978. Ion Pacepa, chef des renseignements roumains, déserte son poste et trouve asile aux États-Unis. Pour prouver sa bonne foi, il donne au FBI un élément capital : un espion serait infiltré depuis des années en France, dans la banlieue d’une grande métropole, sous l’identité d’un italien. Vincenzo Benedetto est arrêté, interrogé. Malgré des lettres douteuses et des émissions de radio ambiguës, il est relâché sur ordre d’un grand ponte de l’État. À partir de ce moment, Fabrice Arfi s’engouffre dans des secrets d’État, des manipulations douteuses sous les présidences de Giscard et Mitterrand avec, comme commanditaire central, le député Charles Hernu. Le journaliste met à nu son obsession pour cette affaire qui a duré des années. En dévoilant ce récit, il questionne sa propre fascination pour cette (en)quête, le journalisme, son éthique et celle de la politique.