Littérature étrangère
Stefan Hertmans
Une ascension
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Stefan Hertmans
Une ascension
Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin
Gallimard
13/01/2022
400 pages, 23 €
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Chronique de
Maria Ferragu
Librairie Le Passeur de l'Isle (L'Isle-sur-la-Sorgue) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Jean-Pierre Agasse de Actes Sud (Arles)
- Béatrice Leroux de Les Traversées (Paris)
- Guillaume Le Douarin
- Aurélie Janssens de Page et Plume (Limoges)
- Hélène Menand de du Parchamp (Boulogne-Billancourt)
- Florence Reyre de Du côté de chez Gibert (Paris)
- Maria Ferragu de Le Passeur de l'Isle (L'Isle-sur-la-Sorgue)
- Sophie Lainé de CCGPF - Service du livre et des bibliothèques - service BCPC (Paris)
- Jean-David Henninger de La Marge (Haguenau)
✒ Maria Ferragu
(Librairie Le Passeur de l'Isle, L'Isle-sur-la-Sorgue)
Stefan Hertmans nous entraîne, quatre ans après Le Cœur converti (Gallimard et Folio), dans une nouvelle fresque historique, passionnante et déroutante où il excelle à mêler petite et grande Histoire pour tenter d’en comprendre les conséquences intimes et collectives.
En 1979, l’auteur, qui n’est alors pas encore écrivain, découvre par hasard une vieille maison abandonnée dans sa ville de Gand en Belgique. Malgré des abords peu accueillants, il se sent pourtant attiré par cette bâtisse qu’il décide d’acheter et où il va vivre une vingtaine d’années. Bien que la réalité de l’histoire soit présente dans plusieurs indices, ce n’est que plusieurs décennies après que Stefan Hertmans va prendre conscience des secrets enfermés dans cette maison. Dès lors, il n’aura de cesse d’en connaître les moindres détails. Ainsi, il nous révèle le destin de Willem Verhulst, jeune Flamand borgne, timide et renfermé qui va finalement se révéler un SS convaincu. D’abord marié à une femme juive, il épouse à sa mort une jeune Hollandaise avec laquelle il aura trois enfants. C’est d’ailleurs grâce aux témoignages et aux mémoires écrites de ces derniers que l’auteur peut progressivement remonter le fil de l’histoire. Il découvre ainsi une famille d’abord unie puis divisée par l’idéologie collaborationniste du père. L’épouse, Mientje, qui a elle aussi laissé des journaux intimes, semble avoir voulu protéger ses enfants. Mais à l’époque, en tant que femme, ses arguments sont peu écoutés et elle reste tributaire de la sécurité apparente que la position de son époux lui assure. Près de quatre-vingts ans après les faits, il est parfois difficile de démêler le faux du vrai, notamment quand une partie des témoignages sont ceux de la famille, et il est difficile de demander à des enfants de condamner un père déjà coupable. Mais Stefan Hertmans règle la question en alternant enquête personnelle et fiction historique : il nous entraîne dans une fresque romanesque où les archives familiales côtoient le travail de l’écrivain pour nous proposer un vrai roman au cœur de l’histoire intime, européenne et mondiale.