Littérature étrangère
Gong Ji-young
Ma très chère grande sœur
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Gong Ji-young
Ma très chère grande sœur
Traduit du coréen par Yeong-Hee Lim et Stéphanie Follebouckt
Éditions Picquier
04/01/2018
208 pages, 18,50 €
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Chronique de
Marianne Kmiecik
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❤ Lu et conseillé par
3 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Nicole Legrand de Graffiti (Castres)
- Valérie Schopp de L'Arbre à mots (Rochefort)
✒ Marianne Kmiecik
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Dans un récit d’une fulgurante honnêteté, Gong Ji-Young raconte sa relation avec Bongsun, sa « très chère grande sœur ». Un texte vrai qui n’enjolive rien de la vie quotidienne dans la Corée des années 1960. Émouvant !
Bongsun est une petite fille de 7 ans lorsqu’elle rencontre pour la première fois la famille de Gong Ji-young. Orpheline, elle avait été recueillie par une famille aisée, propriétaire d’une maison dont la famille de l’écrivaine était locataire. Maltraitée, battue et sous-alimentée, la fillette faisait peine à voir. Deux ans plus tard, alors que la famille est sur le point de déménager, la mère de Jjang-a (surnom de l’auteur dans sa jeunesse) décide de recueillir Bongsun. Dès lors, elle fait presque partie de la famille. Presque car son statut est à mi-chemin entre celui d’une fille adoptive et celui d’une bonne. Chargée de veillée sur Jjang-a, la petite dernière, alors âgée de 4 ans, Bongsun doit aussi préparer les repas, faire le ménage et elle n’a pas été inscrite à l’école. Cette situation ambiguë n’empêche pas Jjang-a de s’attacher à celle qui lui sert à la fois de mère et de grande sœur ! Trop jeune pour suivre son frère et sa sœur à l’école, Jjang-a est toujours accrochée à Bongsun, véritable rayon de soleil, dont le large sourire vient réchauffer le cœur parfois chagriné de la petite fille. Mais lorsque Bongsun, adolescente, tombe sous le charme d’un employé de la teinturerie, Jjang-a se trouve de plus en plus souvent livrée à elle-même. Expérimentant très jeune de nombreux interdits, elle est profondément bouleversée lorsque Bongsun fugue aux côtés de son amoureux. Ce récit sincère ne cache rien de la réalité d’une situation familiale complexe, ne cherche pas à dresser un tableau plus flatteur ou plus beau de la vie dans le Séoul des années 1960 : pauvreté, exclusion, lutte des classes, sexisme… Écrivaine extrêmement engagée, Gong Ji-young est très populaire en Corée. Respectée pour son combat contre la dictature, elle livre ici un récit intime bouleversant !