Essais
Sarah Smarsh
Heartland
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Sarah Smarsh
Heartland
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Hélène Borraz
Christian Bourgois éditeur
16/05/2019
352 pages, 22 €
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Chronique de
Marianne Kmiecik
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❤ Lu et conseillé par
3 libraire(s)
- Delphine Demoures de des Halles (Niort)
- Christine Milhès de Privat (Toulouse)
- Sébastien Lavy de Page et Plume (Limoges)
✒ Marianne Kmiecik
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Journaliste spécialiste des questions économiques et sociales, Sarah Smarsh livre un essai brillant : histoire familiale, déclin économique des États-Unis et situation des travailleurs pauvres.
« C’est alors que j’ai compris le poids de ces pièces. Les grandes en argent ont le plus de valeur, mais les plus petites comptent tout autant quand on a besoin de chaque sou. » Issue d’une famille d’agriculteurs des plaines du Kansas par son père et d’une lignée de mères adolescentes du côté de sa mère, Sarah Smarsh s’est très vite rendu compte de la difficulté de joindre les deux bouts pour ces familles de travailleurs pauvres du cœur de l’Amérique des années 1980-1990. En s’intéressant à l’histoire de sa famille et en nous racontant son enfance dans le « grenier à blé du monde », au sein d’une ferme à des dizaines de kilomètres de Wichita, la ville la plus proche, la journaliste peint surtout le portrait d’une époque : déclin économique sans précédent pour le pays, inflation, stagnation des salaires, démantèlement du système de santé, hausse des inégalités… Racontant l’histoire de sa grand-mère, mère à 17 ans et coincée avec un mari violent, puis de sa mère qui eut son premier enfant au même âge (faisant d’une femme de 34 ans une grand-mère), c’est plus généralement à la situation des femmes que Sarah Smarsh s’intéresse : « Pour les femmes de ce milieu, le corps était aussi défini par son rôle de mère potentielle. Cela est vrai de toutes les catégories sociales, mais c’est un problème plus grave lorsqu’on connaît de graves difficultés financières. La pauvreté rend la maternité plus difficile et la maternité rend la pauvreté plus difficile. Les mères célibataires et leurs enfants sont, de loin, le type de famille le plus pauvre des États-Unis. » Passionnant de bout en bout, ce premier livre est un essai convaincant et sans jugement, traitant à la fois de l’intime et du social, d’économie, de politique, de travail, de littérature, de médecine ou encore de religion.