Essais

La fin du silence

Previous Next

✒ Marianne Kmiecik

Avec L’Été où je suis devenue vieille et Rebellez-vous !, les éditions de L’Iconoclaste lancent une collection de « non-fiction », des récits dont les voix invitent à l’éveil et dont la qualité littéraire est remarquable ! Un troisième titre, Capitaine Courage de Carola Rackete, sortira au printemps. À suivre !

Dans L’Été où je suis devenue vieille, Isabelle de Courtivron évoque une prise de conscience : des changements physiques s’opèrent en elle, elle n’est plus aussi souple, sa vue n’est plus aussi perçante, sa marche plus aussi rapide… Elle qui a toujours été une femme libre et indépendante constate une fragilité nouvelle : elle est sur la pente descendante de la vie. Cet état de fait, constate-t-elle, s’accompagne surtout d’une « invisibilisation » de la femme dans la société. D’après les magazines, la femme âgée se doit d’être élégante et soignée, d’« avoir de beaux restes ». Dans une société qui juge négativement celles qui ne se soumettent pas aux diktats de la féminité, il ne fait pas bon vieillir ! Avec une franchise admirable et un sens de la formule réjouissant, Isabelle de Courtivron raconte son histoire, ses engagements et les choix qu’elle assume aujourd’hui sans remords. Elle qui a beaucoup lu s’est cherché des guides en littérature pour l’aider à traverser cette nouvelle étape : Colette, Benoîte Groult, Susan Sontag, ou encore Doris Lessing, autant de références émancipatrices et inspirantes ! Alors qu’elle rentre chez elle, Marie Laguerre croise un homme qui l’interpelle par un bruit de succion. Lasse d’être importunée quotidiennement, elle répond cette fois par un « ta gueule ». L’homme s’énerve, lui jette un cendrier et la frappe au visage. La vidéo de cette agression est devenue virale sur le Net. Marie décide de porter plainte et de témoigner, de s’investir pour lutter contre le harcèlement sexuel et la violence dont les femmes sont victimes dans les espaces publics. Elle se lance également dans l’écriture d’un livre, avec l’aide de Laurène Daycard. Elle y raconte son parcours, semé de ce qu’on appelle le « sexisme ordinaire » : prendre le moins de place possible, faire le moins de bruit possible, être polie… À l’école, on apprend que « le masculin l’emporte sur le féminin », cela peut paraître anodin, mais Marie Laguerre prouve qu’il est nécessaire de déloger le sexisme partout où il s’infiltre. Ce témoignage est accompagné d’un manifeste et d’un « manuel de la rébellion » absolument fantastique ! Il y est question de stratégies d’évitement, de conseils si l’on veut réagir ou si l’on a été victime d’agression ; des façons de repérer le sexisme et la violence au sein du couple, au travail, à l’école ou sur les réseaux sociaux. Cet ouvrage devrait être conseillé à tous pour une prise de conscience salutaire. Il est grand temps !