Littérature étrangère
Ogawa Ito
Le Goûter du lion
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Ogawa Ito
Le Goûter du lion
Traduit du japonais par Déborah Pierret-Watanabe
Éditions Picquier
25/08/2022
256 pages, 19 €
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Chronique de
Aurélie Baudrier
Librairie L'Insomnie (Décines-Charpieu) - ❤ Lu et conseillé par 16 libraire(s)
✒ Aurélie Baudrier
(Librairie L'Insomnie, Décines-Charpieu)
Ogawa Ito nous enchante une nouvelle fois. Son roman Le Goûter du Lion mêle à merveille le charme et la gourmandise qui avaient fait le succès du Restaurant de l’amour retrouvé.
Pourtant l’écrivaine s’attaque à un sujet difficile : la fin de vie. Elle raconte l’histoire de Shizuku, 33 ans, atteinte d’un cancer de stade 4. La jeune femme n’a plus que quelques semaines à vivre. Elle décide de venir habiter à la Maison du Lion, une pension sur l’île des Citrons au bord de la mer intérieure japonaise. Cet endroit magnifique accueille des personnes dont la mort est proche. Aucune règle dans ce lieu paisible et chaleureux mais une tradition. Les pensionnaires sont invités à rédiger une demande dans laquelle ils indiquent le dessert souhaité et ce qu’il représente pour eux. Puis un tirage au sort est organisé et le goûter gagnant est alors servi le dimanche à 15 heures. La pension médicalisée, véritable cocon, est tenue par la dévouée Madonna. Elle est aidée de médecins, de bénévoles en art-thérapie et deux cuisinières, Shima et Mai. Les mets concoctés par les deux sœurs ont un rôle important dans l’histoire. Les descriptions des okayu, sorte de porridge de riz, remplis de bienfaits, donnent des pages hautement savoureuses. Tout est mis en place pour que les malades partent comme ils le souhaitent, sans souffrance. Dans ce nouveau roman, Ogawa Ito livre une profonde réflexion sur la mort. Grâce aux autres pensionnaires, Shizuku comprend peu à peu que l’acceptation de sa propre mortalité est certes un chemin difficile, fait de colère et de tristesse mais aussi de moments de joie pure. Le Goûter du lion est avant tout un roman épicurien qui invite à vivre sa vie pleinement et à se réjouir de petites choses. Il enjoint à accepter la mort, à la regarder en face et encore plus à assumer son désir de vivre pleinement jusqu’à la fin. L’écrivaine japonaise signe une nouvelle fois un roman généreux et réconfortant dont la lecture réchauffe le cœur.