Alana S. Portero est une femme passionnée et passionnante. Historienne médiéviste, dramaturge, metteuse en scène, éditorialiste et activiste sur les questions LGBTQIA+, c’est aussi une autrice qui promet déjà. Preuve en est, son premier roman, La Mauvaise Habitude, qui retrace l’histoire d’une jeune fille trans bloquée dans ce corps de garçon détesté dans le Madrid des années 1980. Au-delà de la quête intime d’une identité impossible à afficher au grand jour, c’est aussi l’autopsie d’une ville et d’une population mise à l’écart, celle des ouvriers, des prolos, des putes et des camés. On pense nécessairement à l’œuvre de Pedro Almodovar avec l’évocation de ces femmes magnifiques dans leurs imperfections. Le style abouti et maîtrisé, tout en sincérité, flirte avec les œuvres sociales d’Annie Ernaux et Didier Eribon. La lutte sans relâche de ce sublime personnage, à peine caché derrière son autrice, vous bouleversera jusqu’à la dernière page.