Littérature étrangère
Jeanette Winterson
Histoires de fantômes
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Jeanette Winterson
Histoires de fantômes
Traduit de l'anglais par Céline Leroy
Buchet Chastel
03/10/2024
330 pages, 23 €
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Chronique de
Quentin Franchi
Librairie La Comédie humaine (Avignon) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Karine Clugery de Les Mots voyageurs (Quimperlé)
- Aurélie Janssens de Page et Plume (Limoges)
- Valérie Barbe de Au brouillon de culture (Caen)
- Carole Larcher de La Librairie Le BHV Marais (Paris Cedex 4)
- Audrey Andriot de Jonas (Paris)
- Mélanie Battistel de Raconte-moi la terre (Bron)
- Guy Astic de Le Lagon Noir (Aix-en-Provence)
- Mélanie Giustino de La Mouette Rieuse (Paris)
✒ Quentin Franchi
(Librairie La Comédie humaine, Avignon)
L’autrice britannique multiprimée nous revient avec un recueil de nouvelles autour de la notion de fantôme et pose un regard nouveau sur cette figure fascinante traversant les cultures et les époques.
S’il fallait poser une définition sur ce qu’est un fantôme de nos jours, quel serait le sens profond de cette présence du passé, cette incarnation de l’Autre absent ? Ce recueil à l’architecture intelligente s’ouvre sur une brillante introduction qui nous livre quelques premières réponses, retraçant l’histoire culturelle et littéraire de ce personnage omniprésent. S’ensuit une quinzaine de nouvelles racontant le fantôme par différents prismes, formant quatre parties thématiques. Dans une première partie, l’autrice s’interroge sur ce que nous laisse la technologie, l’intelligence artificielle ou le métavers comme solution de mémoire face à l’être disparu. Dans la deuxième partie, c’est une réflexion sur le lieu hanté, le lieu marqué par l’histoire passée, les actes et les mots qui s’ancrent dans les murs et font résonner le passé. La troisième partie interroge l’intime : comment se laisser habiter par ses fantômes et comment les laisser nous traverser ? La dernière partie est consacré au fantôme du passé, celui bloqué par sa propre histoire, son propre traumatisme. Chaque partie est rythmée par une vue plus personnelle et autobiographique de l’autrice. Comment traverser un deuil quand partout les traces du disparu se voient, que ce soit sur Internet, sur des photos, entre les murs d’une maison et dans les histoires qu’on aime raconter au coin du feu ? Avec un humour britannique non dénué de sarcasme, Jeanette Winterson nous offre un magnifique hommage à la littérature d’épouvante et au gothique, tour à tour émouvant, percutant ou glaçant, tourné vers le passé mais terriblement ancré dans le monde d’aujourd’hui. Une très belle lettre d’amour à ce mythique personnage du fantôme, entre Dickens et Black Mirror, qui nous laisse avec la question qui ouvre le livre : demain, par qui serons-nous hantés ?