Polar

Catriona Ward

Mirror Bay

  • Catriona Ward
    Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Szczeciner
    Sonatine
    07/03/2024
    496 p., 23 €
  • Chronique de Quentin Franchi
    Librairie La Comédie humaine (Avignon)
  • Lu & conseillé par
    12 libraire(s)
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Chronique de Quentin Franchi

Librairie La Comédie humaine (Avignon)

Après le fulgurant succès de La Dernière Maison avant les bois, Catriona Ward revient en force avec un deuxième roman traduit en français et devient l’une des meilleures voix de la littérature d’angoisse.

L’année dernière fut publié chez Sonatine le troisième roman de Catriona Ward, La Dernière Maison avant les bois, grande claque littéraire haletante et angoissante qui continue de rencontrer son succès avec son arrivée chez Pocket, cette année. C’est très logiquement que Sonatine sort en synergie le dernier roman en date de l’autrice, Mirror Bay, et c’est avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons son esprit sombre et tortueux ! Mais qui est Catriona Ward ? Celle qui est rapidement devenue l’une des reines de la littérature d’horreur outre-Atlantique est encore méconnue dans nos frontières, malgré les nombreux prix littéraires remportés pour ses différents ouvrages, dont les fameux British Fantasy Award, Shirley Jackson Award et Ladies of Horror Fiction Award. Elle a pourtant tout d’une grande autrice, en nous transportant dans un imaginaire riche, ancré dans le réel. Elle se joue de son lectorat en le promenant dans une forêt les yeux bandés. Les odeurs et les bruits sont là mais nous sommes incapables de nous repérer plus avant. Ce jeu du chat et de la souris entre auteur et lecteur n’est pas sans rappeler Les Apparences de Gillian Flynn ou Shutter Island de Dennis Lehane, le tout saupoudré d’une brillante narration digne d’un Stephen King. Dans ce Mirror Bay, c’est aussi le livre dans le livre dans le livre ‒ les habitués de Christopher Nolan seront ravis : plusieurs temps de narration et plusieurs points de vue finissent de détruire les moindres repères nécessaires. Il faut donc accepter de tout lâcher pour mieux se faire emporter par la marée. Commencer une œuvre de Catriona Ward, c’est entrer dans un labyrinthe qui se révèle être un enchevêtrement de poupées russes ; c’est se rendre compte que nous ne lisons pas le livre que nous pensions lire.