Littérature étrangère

Emanuel Bergmann

Max et la grande illusion

photo libraire

Chronique de Christèle Hamelin

Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu)

Voici la rencontre improbable d’un jeune garçon désarmant de naïveté et d’un vieux magicien déchu, acariâtre et concupiscent. Un premier roman aux airs de fable, drôle et sensible.

L’un vit en Californie de nos jours. Il s’appelle Max, a 10 ans et se met en tête, avec toute la perspicacité d’un petit garçon de son âge, de retrouver le Grand Zabbatini, ce magicien qui a connu ses heures de gloire avec le fameux « Tour de l’amour éternel » et qui lui permettra, il en est persuadé, de rabibocher ses parents en instance de divorce. L’autre vit à Prague dans les années 1930. Il s’appelle Mosche, est à peine plus âgé que le premier, mais a déjà perdu un peu de son innocence. Et pour cause, orphelin de mère, il quitte un père rabbin ennuyeux et peu aimant, efface toute trace de sa judaïté et se fait engager dans un cirque où il apprend avec avidité toutes les ficelles et ressorts de la magie. Il devient alors un mentaliste célèbre, courtisé par les plus grands. Il est hélas rattrapé par l’Histoire qui n’a pas oublié, elle, ses origines juives. Deux trajectoires. Deux époques. Deux gamins en quête d’amour qui se rejoignent de manière incroyable, l’un étant bien évidemment devenu un vieillard aigri qui n’a que faire des préoccupations matrimoniales d’un gosse. Un roman surprenant, truffé de charme et d’humour, à la fois pétillant et sombre, léger et grave. Magique.

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