L’exil est au cœur de ce triptyque bigarré, son appel impérieux et son désir inassouvi. Dans un foyer à Angers, une jeune Dominicaine conte dans un français balbutiant la beauté et les misères de son île. La trajectoire poignante de son cousin Luiz, obnubilé par la conviction qu'au-delà de l’île une vie l’attend, et les joies minuscules d’une communauté solidaire sont ponctués d’un « tu comprends ? », mutin et plein d’espoir. Dans les rues d’un Paris disparu, c’est la voix d’un adolescent qui chante la délicieuse Mai-Linh, hantée par le souvenir d’une famille décimée par les Khmers rouges, qui rêve d’Amérique en vendant parapluies et babioles. Lors de l’enterrement déserté de son père, un homme dresse le délicat portrait d’un homme errant et joyeusement raté, dans le décor d’un Ménilmontant d’antan. Ces trajectoires cabossées, tendues vers un ailleurs forcément meilleur, disent avec justesse notre monde abîmé et en perpétuel mouvement.