La première étudie le cinéma et n’a pas de prénom ; la seconde est travailleuse du sexe vers la gare de Perrache, à Lyon, et se prénomme Dora. L’une est libre et éclairée ; l’autre prostituée par défaut – et très éclairée ! Elles ont en commun d’être bulgares et de ne pas maîtriser la langue française. Elles partagent cette épopée loufoque et se battent pour leur liberté, entre rires et larmes. Quand l’une décode son identité plurielle, l’autre liste les catégories de passe qu’elle subit. L’autrice démonte la mythologie crasse concoctée par les « pieds-qui-puent » (les Français) autour des « filles de l’Est » et donne chair et vie à ces femmes insolentes et plurielles dans un enchaînement de scènes cocasses et de quiproquos qui décoiffent. L’humour et les inventions lexicales confirment que la littérature gagne en dépoussiérage et en pensée lorsqu’elle est écrite par des personnes qui s’expriment dans une autre langue que la leur.